vendredi 7 mai 2010

Cent ans d’évangélisation scolaire au Cameroun, réflexion sur la nature, les moyens et les objectifs de l’entreprise (1885 à nos jours)

INTRODUCTION GENERALE
Toute société survit à travers le temps et l’espace grâce à la transmission d’un héritage culturel de génération en génération. Cette transmission se fait mieux par l’éducation. Pour comprendre la société et les individus qui la composent, il faut cerner son système éducatif, il faut même fouiller l’histoire de cette éducation pour fonder les tenants et les aboutissants qui soutiennent ses manifestations actuelles. C’est ce qu’a fait Engelbert Atangana en mettant à nu les dessous de l’éducation camerounaise dans son œuvre[1] magistral dont les quatre premiers chapitres font l’objet de notre exposé. Sans fermer les yeux sur les exactions inhumaines des occupants allemands avides de richesses, notre auteur ne cesse d’apprécier à sa juste valeur les réalisations hautement novatrices de ces derniers, les qualifiant d’entrée de jeu de « remarquable ». Remarquable ? C’est ce que nous allons montrer en considérant l’administration coloniale allemande en général, leur mission éducative et deux exemples d’éducation, d’abord protestante puis catholique.

I. APERCU GENERAL DE L’ADMINISTRATION DU CAMEROUN ALLEMAND
La période coloniale allemande au Cameroun, qui va de 1884 à 1914, est marquée par deux temps forts, à savoir celui de la conquête qui dure vingt ans et celui de la mise en valeur du territoire concis qui dure dix ans. Durant cette période, l’Allemagne connu 5 chanceliers et 6 gouverneurs du Cameroun. Bien que l’administration de Berlin gardait un œil sur les gouverneurs en place au Cameroun, ceux-ci tenaient à agir de leur propre chef sur le terrain en comptant sur leurs propres hommes de confiance spécialement engagés dès leur prise de fonction. Dans l’ensemble nous pouvons distinguer quatre missions principales dans cette administration marquée par la dureté envers les indigènes, l’opposition initiée par des missionnaires et une amorce d’éducation.
I.1. Les quatre principales missions
-1e mission 1885-1890 : La protection des commerces de leurs nationaux
La première préoccupation allemande est de « protéger le commerce de leurs nationaux »[2], de respecter les colons et missionnaires anglais déjà en place depuis 1845 et de ne pas occuper militairement le territoire. Il est probablement question en ce moment de bien se familiariser avec ceux qui sont déjà en place.
-2e mission 1890-1895 : La réalisation de grands projets
C’est au cours de cette seconde mission que les allemands vont commencer à réellement s’intéresser au territoire camerounais. On connaît alors la réalisation de gros efforts : plusieurs expéditions sont faites à l’intérieur du territoire, le commerce allemand est imposé à tous et surtout « des essais de constitution des troupes indigènes » de maintenance de la sécurité sont effectifs.
-3e mission : L’occupation systématique du territoire
Grâce au secours des troupes indigènes et la pression de Berlin, dès 1895, « le Cameroun va devenir une colonie prospère, organisée suivant le génie national »[3] conçu par l’occupant. Il définit quatre types de région administrative, à savoir les villes de première importance, les villes de moindre importance, les villes militaires et les villes où résident les sultanats. Notons qu’il règne entre les différents chefs militaires, civils et traditionnels un respect des responsabilités individuelles. En somme il a fallu plus de douze compagnies militaires (175 européens plus 1550 indigènes) aux allemands pour asseoir leur autorité.
-4e mission : La mise en valeur de la colonie
Dix-sept ans après leur arrivée, les allemands occupaient et soumettaient déjà l’ensemble du territoire du Cameroun au prix de fortes guerres de résistance réprimées dans le sang. Vint alors la période des travaux de développement pour relier les grandes villes par des voies ferrées et des routes dès 1908. Mais quelques années après, l’exploitation de ces réalisations est jugée économiquement improductive à cause de l’insuffisance des moyens humains et matériels. En fait il y a la naissance d’une opposition incarnée par les missionnaires et quelques commerçants qui dénoncent les abus par la voie de la presse : mépris de l’indigène, travail forcé, dépenses superflues de l’administration, etc. Ce qui conduit à la création « d’un emploi d’inspecteur du travail muni de pouvoirs disciplinaires »[4]. Néanmoins se développent vers 1914 non seulement l’économie, mais aussi une civilisation marquée par le désintérêt, l’humanisme et la morale.
I.2 La dureté de la méthode allemande
La méthode allemande était brutale et se fondait sur un devoir de compensation que les indigènes devaient payer en retour pour tous les investissements coloniaux. Ce qui intéresse l’autorité n’est plus l’occupation du territoire, mais le recrutement forcé des travailleurs et porteurs de la production agricole vers les points de vente. A ce sujet, « les missionnaires estimaient que la méthode suivie sacrifiait de façon excessive les indigènes aux intérêts des colons » [5]. En fait le Cameroun n’est vu que comme « Cameroun utile » à exploiter. Quoi que l’on dise de la méthode allemande ils ne sont pas les premiers à s’imposer par le sang. En effet toute colonisation, quels que soient ses acteurs et les époques, se nourrit de sang.


I.3.Amorce d’une éducation
L’éducation des jeunes, qui sera par la suite l’œuvre des missions religieuses soutenue par le pouvoir civil, est presque inexistante à cette époque. L’honneur revient à un particulier, Alfred Woermann, qui créa la première école en 1885 pour la jeunesse camerounaise. Comme commerçant et propriétaire de cinq comptoirs, il avait une visée commerciale de l’éducation. « Il ne pouvait pas lui venir à l’esprit que l’entreprise de formation de la jeunesse camerounaise pût aussi servir les intérêts des scolarisées ! »[6] D’ailleurs son projet éducatif de 1886, qu’il soumet au gouverneur, comprenait trois types d’établissements : une école primaire élémentaire, une structure de formation des artisans et une formation des moniteurs agricoles. Il est donc évident que jusqu’en cette date de 1885, l’éducation est le dernier souci des occupants allemands. Ils ne sont pas là pour autre chose que s’imposer et exploiter par tous les moyens coercitifs possibles.
II- L’ENSEIGNEMENT : DE VON SODEN A EBERMEIER (1885-1914)

En matière d’enseignement, les grandes puissances coloniales du XIXème siècle ont procédé toutes de la même manière. L’organisation et le développement de l’instruction entre 1884 à 1914 étaient exclusivement une activité des missions religieuses, tandis que le pouvoir civil devait leur accorder des subventions.

II.1. L’organisation de 1910
En 1910, il existait deux écoles publiques ; une a Douala, l’autre à Victoria (Limbe). Ces écoles comportaient quatre classes tenues par des maîtres européens, assistés d’auxiliaires indigènes. Il y avait aussi en cette même année deux établissements, un à Yaoundé et l’autre a Garoua. Le programme comportait les indications suivantes :


[1] Son œuvre mérite d’être lue entièrement pour saisir l’évolution de l’éducation au Cameroun : ATANGANA E., Cent ans d’évangélisation scolaire au Cameroun, réflexion sur la nature, les moyens et les objectifs de l’entreprise (1885 à nos jours), Paris, Harmattan, 1996, 447 p.
[2] Idem, p. 29.
[3] Idem, p. 30.
[4] Idem, p. 36.
[5] Idem, p. 39.
[6] Idem, p. 42.





1er
année
2eme année
3eme année
4eme année
5eme année
Allemand
2 heures
2 heures
4 heures
4 heures
4 heures
Leçons de choses
2 heures
3 heures
3 heures
3 heures
3 heures
Calcul
2 heures
3 heures
3 heures
3 heures
3 heures
Géographie
-
-
1 heure
1 heure
1 heure
Histoire
-
-
-
1 heure
1 heure
Histoire naturelle
-
-
-
1 heure
1 heure
Total
6 heures
8 heures
11 heures
13 heures
13 heures

Le gouverneur du territoire essaya de faire accepter ce programme par toutes les sociétés missionnaires présentes au Cameroun.

II.2. Le rôle de l’Etat dans l’éducation des indigènes
Un an après sa prise de fonction, Von Soden fit parvenir à Bismarck (Chancelier allemand) un rapport portant sur le problème éducatif au Cameroun. Selon lui, il est nécessaire que les indigènes prennent la chose éducative en main. Car la concurrence qui existe entre les différentes institutions (allemandes et anglais), présentes dans la région depuis plusieurs années, ainsi que le retard missionnaire, nécessite l’aide de l’état. Ainsi, les populations indigènes ont le désir d’apprendre la langue allemande et de financer leurs propres écoles.
Von Soden a convaincu les responsables de Berlin pour cette initiative des Camerounais à apprendre l’allemand qui serait profitable à l’Allemagne. Face à ceci, les ambassadeurs présents : Paris, Bruxelles et la Haye furent invité à faire un rapport sur les différentes missions dans les colonies. Ce problème provoqua une polémique dont la durée va de 1887 à 1910. Chacun luttait pour ses intérêts personnels sans commun accord avec l’administration en place. Un des exemples de cette polémique est celle des pères pallotins contre les missionnaires bâlois. Ces derniers encourageaient l’enseignement des langues indigènes à l’opposition des premiers. Pour régler la polémique afin de soutenir l’initiative de Théodore Christaller dans l’ouverture des écoles publiques qu’il a commencée à Douala, le gouverneur envoya un rapport de cette entreprise à Adolphe Woermann, représentant des hommes d’affaires en Afrique de l’Ouest. Ce rapport le poussa à développer d’autres manières qui pouvaient favoriser son activité commercial à travers ces écoles, négligeant les intérêts généraux et surtout ceux des indigènes.
Les écoles devaient être subventionnées par le pouvoir civil tandis que les maîtres devaient donnée une bonne formation aux jeunes Camerounais.


III- L’ENSEIGNEMENT DE LA MISSION PROTESTANTE

La colonisation allemande avait bien d’autres intérêts à protéger que de s’occuper totalement de l’éducation quelle confia aux missionnaires. Ainsi, missionnaires catholiques et protestant se sont activement chargés de l’enseignement tout en participant néanmoins aux idéologies coloniales. Voici u n bref aperçu de l’entreprise éducative de la mission protestante : Elle avait une pédagogie liée au but, un contenu déterminé et n’oubliait pas la formation du personnel pour assurer la pérennité de l’œuvre. Notons qu’il s’agit ici de la seconde période de la mission protestante, la première avait été faite par les missionnaires Anglais de 1844 à 1885.

1- But de l’éducation
Après plusieurs années d’activités, ce n’est qu’en 1912, lors d’une conférence à Douala le 22 avril, qu’a été défini le fondement de l’éducation pour la mission de Bâle (missionnaires Allemands d’origine Suisse : Il s’agissait globalement de libérer les jeunes de tout lien avec le monde païen et de les conduire à Dieu. Pour atteindre ce but, il fallait des « personnalités spirituellement inspirées » afin de mieux mener les jeunes à l’objectif visé. C’est-à-dire à adhérer à la foi des missionnaires. Une des personnalités fut Schuler, qui deviendra un pionnier de l’éducation chrétienne au Cameroun. C’est à lui que nous devons le programme ci-dessus. Dans les programmes scolaires, on note un penchant plus important pour l’éducation des garçons au détriment des filles. En effet le but de l’école garçons était de former des jeunes gens qui manifestaient leur ambition de servir le gouvernement ou le commerce colonial et ceux qui avaient aussi pour aspiration de servir la mission dans le domaine de l’éducation.

2- Le contenu de l’éducation
Concernant le contenu de l’éducation, le programme comportait des cours d’histoire et de géographie de l’Afrique, de l’Espagne, du Portugal, d’Italie, d’Allemagne, du Cameroun. L’histoire du Cameroun était axée sur l’œuvre des explorateurs, l’action des gouverneurs et l’évangélisation du territoire, puis il y avait un bref aperçu sur le passé précolonial. Parlant de l’histoire de l’Allemagne, on faisait allusion à la christianisation de l’Europe, la réforme luthérienne et de façon obligatoire l’histoire du catholicisme. Notons aussi la place importante qu’occupait l’instruction de la langue allemande dont la visée était de la faire parler par la majorité des élèves qui allaient désormais s’engager dans la vie active : n’est ce pas là un des signes très visibles de la domination coloniale qui en s’imposant efface peu à peu l’identité de l’autre en le possédant ? Car l’usage de l’allemand par les indigènes était un atout pour pouvoir accéder à « des emplois bien rémunérés de l’administration et du commerce »[1]. L’instruction du calcul était moins considérée car « les missionnaires avaient les même préjugés que les colonisateurs selon lesquels les Noirs souffraient d’une inaptitude congénitale aux mathématiques. Pour cette raison, ils avaient retenu deux heures de calcul (seulement) par semaine dans leur programme contre trois heures pour l’histoire » p62
Ce programme dressé par Schuler a vite fait de montrer ses limites et la population concernée a montré son hostilité à l’égard de ces méthodes non adaptées aux attentes de la population. Ainsi, le but visé par le programme n’a pu être atteint parce qu’il était au-delà des « connaisances minimales que l’on se proposait de donner aux convertis (…) le programme visait à répondre aux besoins de la mission plutôt qu’à ceux des élèves »[2]
Il fallait faire acquérir une base significative de la morale chrétienne à manifester concrètement dans le vécu ordinaire : « On le voit, en effet, très nettement dans les résolutions adoptées par la conférence »[3]. Ceci dit, plus que la promotion d’une éducation humaine, les missionnaires protestants estimaient qu’il était beaucoup plus important de s’occuper du salut des âmes. Ce qui n’était pas moins appréciable, mais ils oubliaient que le développement social aurait mieux pu disposer les corps et l’esprit à l’accueil de la Bonne nouvelle dont ils étaient porteurs. Le dynamisme de la mission baloise a été très remarquable, en 1912, cette mission représentant la communauté la plus influente comptait déjà 200 établissements situés en majorité dans la zone littorale. On pouvait déceler : Une école d’instituteurs, trois écoles primaires supérieures, soixante et neuf écoles primaires garçons, trente et six écoles de filles, quatre vingt et onze écoles dites de communauté chargées de l’enseignement des langues locales, qui ont été l’objet de la polémique à l’arrivée des Pallotins.
Pour mieux participer à l’éducation des indigènes, les missionnaires avaient fait recours à l’usage de la langue de ceux-ci, pour la dispense des leçons qui serviraient non seulement à la vie pratique, mais plutôt dans le souci de faire passer l’enseignement religieux. Ainsi, les enfants ne pouvaient qu’accéder à une très faible aptitude intellectuelle en lecture, en écriture et en calcul. Conclusion, malgré le dynamisme de la mission protestante au Cameroun pendant la période coloniale, les résultats ont été mauvais et le bilan général négatif. Les missionnaires catholiques viendront avec une autre astuce qui prendra compte de l’homme intégrale.

IV. ENSEGNEMENT CATHOLIQUE

IV.1. Contexte politique

C’est dans les années 1890 que les missionnaires Pallotins commencèrent l’enseignement catholique au Cameroun. Durant cette mission éducatrice, ils ont rencontré autant de difficultés politiques, matérielles, sociales et conjoncturelles. Malgré ces entraves les Pères Pallotins ont obtenu des meilleurs résultats dans leur entreprise d’éducation même si « au départ rien ne laissait prévoir un tel succès ».[4] La situation politique était alarmante et le pouvoir qui était sur place était trop exigeant. Ainsi, il a fallu au Pape Léon XII (le 03/01/1890) de négocier avec le chancelier Allemand HUBERT Von Bismarck l’autorisation pour les missionnaires catholiques de venir assurer l’enseignement catholique au Cameroun. L’obtention de cette permission de s’établir dans les colonies était à trois conditions qui sont les suivantes : Préfets et Vicaires apostoliques devront avoir la nationalité allemande et être nommés avec le consentement du gouvernement. L’autorisation sera refusée aux congrégations exclues de l’Allemagne. Enfin, le droit de regard du Reich sur les écoles de ma mission sera garanti. Et c’est le 01 février 1890 que « l’acceptation par le Pape des conditions du gouvernement allemand fut annoncées, mais les Pallotins pressentis pour aller au Cameroun ne remplissaient pas toutes les conditions exigées. Loin delà, la concurrence protestante fut impitoyable car les Pères Pallotins n’avaient pas « les moyens d’affronter un concurrent expérimenté, solidement installé et qui, en outre, avait l’appui du pouvoir civil pour revendiquer le droit exclusif d’évangéliser toute la côte camerounaise. Après toute une série des difficultés sus mentionnées, voyons comment les Pères Pallotins les ont affrontés afin d’avoir un succès d’un rang élevé sur le plan de leur mission de l’enseignement catholique au Cameroun. Ceci dit, décrivons l’école des Pères Pallotins dans ce temps et, quelles méthodes appliquaient-ils et quel a été le contenu de leur enseignement catholique ?

I.2. L’école des Pères Pallotins

Dans l’histoire que ATANGANA nous relate, l’école des Pères Pallotins a commencé ici au Cameroun en Mai 1891. Elle avait un système d’établissements scolaires principaux et d’écoles satellites à finalité sensiblement différentes. Les premièrs missionnaires catholiques, c'est-à-dire des Pères Pallotins s’adonnaient en priorité à la scolarisation de la jeunesse proprement dite, les autres jouaient le rôle des centres des stations autrement dit des écoles de conversion. A la station principale revenait la tâche d’éduquer au sens général du terme. Pour arriver au bon rendement de leur école catholique, chaque missionnaire Pallotin devait considérer son école de station comme une affaire personnelle à prendre directement en charge et sous responsabilité exclusive d’autre part. Il devait donc s’approprier sa classe et la faire sienne pour des bons résultats. En ce temps, les établissements offraient un cycle de cinq ans de formation au cours duquel les élèves se familiarisaient avec la langue allemande. Les deux premières années étaient consacrées à l’apprentissage de cette langue comme matière de programme et par la suite, celle-ci deviendra une langue vernaculaire au cours du deuxième cycle de trois ans.

I.3. La méthode et son contenu

Une caractéristique de la méthode des Pallotins se manifeste au niveau de l’organisation de leur activité : ils ne travaillaient jamais sur la base d’un programme unique applicable dans tous les établissements de même catégorie, mais s’appuyaient sur des principes directeurs, des orientations générales que chaque responsable interprétait à la lumière des données expérimentales et des impératifs de l’action. En effet, « il y avait un consensus général sur les connaissances à faire acquérir à l’enfant, basée sur les normes de la « volksschule » allemande.[5] L’absence de programme aurait pu constituer un obstacle à l’expansion scolaire et conduire à la dispersion des efforts. Mais c’est l’inverse qui s’est produit car les écoles catholiques ont pu se révéler supérieures à celles de la mission bâloise (….) elles jouissaient d’une grande popularité auprès des élèves et de leurs parents ; elles obtenaient des meilleurs résultats aux examens et, ce qui est encore plus important, leurs élèves faisaient montre de grandes qualités humaines. En effet, en mettant très tôt l’accent sur l’enseignement de la langue allemande, les Pères Pallotins ont suivi l’évolution qui leur a permis de s’attacher très vite les populations.[6] Cependant, « les méthodes d’éducation des Pères Pallotins méritent d’être mieux connues » et leur pédagogie avait son efficacité car chaque enseignant pallotin s’efforçait d’inventer sa propre pédagogie appropriée à sa classe.[7]

INTERET DU TRAVAIL
Quel intérêt avons-nous à retourner dans le passé colonial et à nous attarder à l’analyse des methodes éducatives aujourd’hui dépassées ? La réponse nous est donnée par le professeur Pallante :
« De l’histoire d’une discipline, il faut en dégager le contexte, les difficultés, la réalisation des idées, comment on les comprend et les change. Il s’agit de voir les hommes à l’œuvre dans une situation précise pour transformer leurs idées en actes. L’histoire de toute discipline manifeste des continuités et des authentiques changements »[8]
Ceci dit, nous avons tout intérêt à nous y attarder pour mieux comprendre la place de l’enseignement au Cameroun et quels ont été les enjeux de départ afin de pouvoir le repenser autrement. Les péripéties de son évolution interpellent bon nombres d’éducateurs aujourd’hui à mieux adapter les orientations de cet enseignement aux attentes, à la fois, et des éduqués, et de la nation, afin que l’éducation au Cameroun d’aujourd’hui et de demain désormais lié à la mondialisation soit à la hauteur de l’homme mondialisé. Cela signifie qu’il faut prendre en compte le principe d’identité et de solidarité organique. Nous pensons que Les cent ans d’évangélisation scolaire au Cameroun, réflexion sur la nature, les moyens et les objectifs de l’entreprise (1885 à nos jours) de Atangana E., nous invite dans ce sens.

CONCLUSION
Notre travail a consisté à donné un aperçu général de l’administration du Cameroun allemand, où à travers une méthode rude organisée en quatre missions principales qui sont : La protection des commerces des nationaux Allemands, la réalisation de grands projets, l’occupation systématique du territoire et la mise en valeur de la colonie, elle a laissé une emprunte indélébile dans l’histoire du Cameroun. Le souci de l’éducation a été une priorité assignée aux œuvres missionnaires catholiques et protestantes qui l’ont plus ou moins bien géré selon leurs objectifs et les pédagogies mises en place. L’éducation au Cameroun a été facilitée par l’évangélisation. Malgré les exactions, le Cameroun d’aujourd’hui reconnaît dans son développement le rôle important qu’a joué l’Allemagne avant d’être remplacée par les alliés Français et Anglais.

BIBLIOGRAPHIE

ATANGANA E., Cent ans d’évangélisation scolaire au Cameroun, réflexion sur la nature, les moyens et les objectifs de l’entreprise (1885 à nos jours), Paris, Harmattan, 1996, 447 p.
PALLANTE G., Esquisse d’histoire de l’éducation, Yaoundé, 2008, 59p.
[1] P.61
[2] P 62
[3] P.59
[4] Idem p.65.
[5] Cf.p.67.
[6] Cf. p.67.
[7] Cf.p.71.
[8] PALLANTE G., Esquisse d’histoire de l’éducation, Yaoundé, 2008,(59p),p.3

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