lundi 17 mai 2010

LA QUESTION DE LA FORMATION A DISTANCE

INTRODUCTION

Penser l’éducation aujourd’hui ne saurait se faire sans tenir compte des nouvelles technologies en générale, qui dans ce domaine favorisent la dynamique d’une nouvelle conception de la formation qu’on nomme : formation à distance. Ainsi, être dans le circuit de cette dernière signifie implicitement avoir une certaine maîtrise de ces outils dont on n’est plus sensé ignorer totalement de nos jours.
En fait, la question de la formation à distance, qui est ici l’objet de notre réflexion, fait encore l’objet d’un certain doute, au point qu’on se demande s’il s’agit d’une utopie ou d’une réalité. Pourtant, bon nombre de personnes s’affranchissent peu à peu de ce doute et adhèrent à l’idée selon laquelle, il est possible d’instaurer une situation enseignement - apprentissage en dehors des salles de classe et sans l’intervention classique de l’enseignant. Avant d’entrer dans plus de détails, il nous importe pour une meilleure compréhension du sujet, de définir ce que c’est qu’une formation à distance. Nous opterons pour la conception du professeur Fonkoua pour qui : « La formation à distance (…) est un ensemble d’activités d’enseignement conçues par une institution éducative pour susciter des actions d’apprentissage par des individus qui veulent suivrent une formation en dehors du cadre de l’école »[1]. Le principe de la formation est basé sur le respect des conditions du processus : « Enseigner à distance et apprendre à distance »[2]. Cela exige une réadaptation du rôle du professeur, qui doit désormais être construit selon la logique de la philosophie de l’autodidacte qui apprend en autonomie.
Le contenu de notre travail consistera à répondre à quelques questions fondamentales telles que : Comment est-on passer de la formation présentielle à la formation à distance ? Comment se construisent les savoirs dans l’enseignement à distance ? Comment user des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour une formation à distance ? N’y a-t-il qu’une forme de formation à distance ? Autant de questions qui nous permettront de mieux nous imprégner de la compréhension de notre sujet. Pour y parvenir nous avons structuré le travail en quatre principales parties : De la formation présentielle à la formation à distance ; les TIC dans un contexte de formation à distance, les types de formation à distance et l’intérêt du travail.

I. DE LA FORMATION PRESENTIELLE A LA FORMATION A DISTANCE : DEFINITIONS ET HISTORIQUE

En éducation, toute formation poursuit un objectif à atteindre et est dispensée selon un modèle donné, comme c’est le cas de la Formation présentielle ainsi que de la formation à distance. C’est dans ce sens que dans chaque type de formation et dans tout enseignement en particulier, le tuteur met en œuvre les outils pédagogiques appropriés. Ces outils peuvent être concrets, semi-concrets ou abstraits. L’Enseignant s’en sert pour améliorer la qualité de l’apprentissage, comme il en est aujourd’hui avec les nouvelles technologies

1. Les nouvelles technologies

Certes les nouvelles technologies sont des outils pédagogiques mis en œuvre pour un faire apprendre efficace, pour favoriser les possibilités de formation, elles ne sont pas en opposition avec les anciennes techniques. Il ne s’agit pas non plus de concurrencer, voir de supprimer le livre, mais de les considérer comme des moyens complémentaires à ceux de l’éducation traditionnelle.
Les nouvelles technologies sont des techniques qui ne permettent pas seulement d’enseigner autrement mais aussi d’enseigner mieux. Ce sont des moyens pouvant servir à des fins éducatives. Parmi ces outils pédagogiques, se situent les films, les projections de salle, la télévision, la radio, le téléphone, l’ordinateur, l’Internet et les autres éléments de matériel et de programme permettant l’accès à l’information et la communication avec les autres. Ce qui nous permet de jeter un regard particulier sur :

Les nouvelles générations sont de nos jours façonnées par l’ordinateur, la réalité virtuelle et la vidéo interactive qui influence fortement la construction individuelle. « L’ordinateur, nous dit François Ossama, fait référence à l’ensemble des supports matériels (hardware) et les programmes ou logiciels (software) qui permettent le traitement numérique et automatique de l’information »[3]. On l’utilise comme tuteur (enseignement assisté par ordinateur, etc.) ou outil d’exploration et de communication (apprentissage interactif par à distance). L’ordinateur étant un outil technologique est aujourd’hui le plus grand moyen de transmission et de réception, mis en place soit dans une relation présentielle soit dans une relation distancielle de l’enseigment. Ainsi l’objectif de l’introduction de l’ordinateur dans l’enseignement selon Gabriel (1998) « est de permettre le développement d’une culture informatique et de favoriser le processus d’apprentissage »[4]. Pour ce faire, Baron et Bruillard mentionnent trois rôles de l’ordinateur dans l’enseignement. Premièrement, l’ordinateur est considéré comme un médium dans la transmission de savoirs. C’est pour cette raison que de nombreux logiciels sont conçus pour être utilisés dans le but d’acquisition de connaissances par les élèves. Deuxièmement l’ordinateur et l’informatique sont vus comme matière. De nos jours la gestion et le traitement d’informations à l’aide de cet outil sont devenus incontournables dans presque tous les domaines. Enfin, dans l’enseignement l’ordinateur est considéré comme un outil de production[5]. Par le biais de cet outil, l’apprenant peut produire voire créer en mettant surtout sa liberté, son imagination et sa créativité en œuvre. Il peut, en outre, effectuer une recherche documentaire sur Internet et l’échanger avec d’autres par courrier électronique. C’est dans cette optique que Blanquet affirme : « Cette culture qui prend appui sur des fonctions émergentes vise à simplifier le complexe, à identifier et à montrer les chemins de la pertinence, à donner de la confiance et à accompagner l’autonomie des acteurs »[6]. Ainsi avec l’émergence de l’Internet, les domaines de l’information et de la documentation ont connu des transformations profondes.

b) Internet

« L’Internet est l’interconnexion d’une multitude de réseaux d’ordinateurs disséminés à travers le monde. C’est un réseau des réseaux. Il est constitué de nœuds (serveurs) qui communiquent entre (…), en empruntant des supports physiques divers (liaisons numériques, liaisons spécialisées, satellites, etc.) et en utilisant un protocole qui permet l’interconnexion, à grande échelle, des réseaux constitués de ressources différentes : le TCP/IP (Transmission Control Protocol/Internet Protocol) »[7].

Le réseau informatique a deux grandes fonctions qui sont de communiquer au moyen de l’ordinateur et de former un espace virtuel d’information, par des ordinateurs interconnectés.
Avec le concourt de l’Internet, étudiants et tuteurs ne communiquent dans la plupart de cas que par correspondance : courrier électronique, forum de discussion, échanges des fichiers, vidéoconférence, etc. Grâce à l’Internet, la formation est mise en ligne et est ouverte à un grand public. L’Internet est considéré comme le « pilier autour duquel se construit la société de l’information »[8]. Le réseau Internet a remplacé l’imprimerie et la machine à écrire. Il fascine et facilite l’apprentissage. Aussi, les apprenants s’approprient un moyen de communication, non pas seulement comme utilisation, mais aussi comme création : Ils peuvent écrire, produire, créer. L’apprenant, utilisateur d’Internet, est sans cesse sollicité par la lecture dans toutes les activités informatiques. Celui-ci devient capable d’effectuer une recherche documentaire avec aisance. Avec cet outil, la formation à distance est devenue possible voire une réalité qui s’impose. Ainsi apprendre en dehors du mythe de l’école, du professeur et de la salle de classe est devenu possible car les sources d’apprentissages sont multiples : les mass-médias, les expériences professionnelles, les recherches personnelles sont de plus en plus reconnu comme des occasions pour se former.
Les nouvelles technologies de l’information et de communication (NTIC) sont ainsi des outils de travail destinés à développer l’autonomie, l’entraide, l’ouverture sur le monde et l’esprit critique. En effet, l’intégration des TIC en éducation permet aux apprenants de développer les habiletés de communication, de création, de recherche… L’outil informatique associé à l’Internet constitue le moyen le plus important qu’utilise l’homme pour communiquer avec autrui, et dans notre cas pour la formation à distance. La formation présentielle ayant quant à elle d’autres caractéristiques.

2. La formation présentielle

Pour parler de la formation présentielle, commençons à répondre à la question : Qu’est-ce que la formation ? La notion de formation renvoie à l’action de former, de se former, d’instruire, d’éduquer. On parle alors de formation professionnelle, de formation initiale, de formation permanente ou continue, de formation à distance, formation présentielle, etc.[9]. Le présentiel comme le mot l’indique « est un terme utilisé pour désigner le moment où les personnes qui suivent une formation sont réunies dans un même lieu avec un formateur. La formation en présentiel correspond au mode de formation traditionnel, selon un mode magistral et pour une durée prédéterminée »[10]. C’est une formation qui oblige la présence physique des acteurs concernés. La traditionnelle relation enseignant- enseigné est donc possible dans ce type d’apprentissage. L’apprenant participe activement à sa propre formation et a un mot à dire dans ce qui le concerne. Dans les systèmes présentiels, les apprenants représentent une population homogène quant à l’âge et aux qualifications. Leur lieu de rencontre est unique : la classe, le laboratoire, etc. En outre les apprenants évoluent en situation contrôlée dans un contexte de dépendance à l’enseignant et le suivi de celui-ci se réalise en direct. Les étudiants en âge de scolarisation recherchent une formation qui les prépare à assumer une fonction sociale et professionnelle à l’âge adulte.
En fait, les régimes d’étude en formation présentielle imposent généralement un temps maximal pour acquérir la formation désirée ainsi qu’un rythme d’avancement qui ne tient pas compte des différences individuelles. Les contraintes temporelles qu’elle impose à l’étudiant sont incompatibles avec le mode de vie de l’adulte ayant une responsabilité professionnelle. Mais de nos jours, le couple enseignement-apprentissage dépasse les limites de la l’école classique. Il est désormais praticable en dehors du temps et de l’espace réel.

3. De la formation présentielle à la formation à distance

Pourquoi est-on arrivé à mettre en ligne la formation ? Le contexte d’émergence de la formation à distance conduit à relever plusieurs raisons justifiant sa mise sur pied et celle de l’intégration des TIC en éducation. En remontant l’histoire on se rend compte que « les cours par correspondance sont les ancêtres de la formation à distance »[11]. A partir de 1920, la radiodiffusion qui venait d’être créée prend le relais pour pallier aux nouvelles exigences industrielles et commercial du monde de travail et devient un moyen d’enseignement plus performant que les cours par correspondance. Ainsi en 1921 une radio éducative est autorisée pour la première fois aux Etats-Unis, elle s’étendra par la suite en Angleterre et ailleurs. Les progrès technologiques sans cessent croissant, l’ordinateur et les autres outils nous donnent aujourd’hui ce qu’on appelle la formation à distance avec les nombreux avantages que cela comporte sur le plan social et éducatif, malgré quelques inconvénients.
En effet, la reconnaissance des TIC comme moyens pédagogiques a été à l’origine des développements que nous connaissons à présent. Par conséquent, le nombre de postulants à la formation en présence a connu une baisse considérable de 1989 - 2002. Il s’agit là des dates du lancement de la première et de la dernière promotion de la formation en présence. Ainsi l’effectif est passé de 300 candidats à 5. Il s’agit d’un compte rendu effectué par le centre de recherche sur l’information scientifique et technique, CERIST, en Algérie[12].
La formation à distance a connu une augmentation considérable parce qu’elle a offert à l’adulte la possibilité de pouvoir se former à distance. Certes les raisons évoquées ne sont pas liées uniquement à l’éloignement géographique, mais aussi les concernés connaissent une grosse difficulté du fait qu’ils sont confrontés aux problèmes de gestion de leur temps pour pouvoir concilier leurs responsabilités professionnelles, familiales et estudiantines. En outre, les exigences de leur vie professionnelle les obligent, dans le climat concurrentiel du marché du travail, à acquérir de nouvelles connaissances et des nouvelles compétences pour assurer le maintien de leur emploi et l’amélioration de leur situation socioprofessionnelle[13]. C’est dans ce sens que les contraintes horaires empêchent souvent ces apprenants à suivre une formation en présence car l’apprenant adulte n’y trouve pas un cadre de formation souple qu’il peut adopter et intégrer à son milieu de vie. La distance rend donc la formation en présence impossible.
Pour ce faire, la formation à distance est un grand avantage pour l’adulte parce que celui-ci peut se former selon son rythme qui prend en compte son travail et ses préoccupations professionnelles[14]. Il s’agit là d’une autodidaxie assisté permettant à l’apprenant « la possibilité d’accéder à des sources médiatisées de savoirs sans l’intervention classique d’un enseignant, mais avec le soutien d’un réseau de ressources diverses »[15]. C’est dans cette perspective que la formation est envisagée comme une démarche d’autoformation menée de façon autonome. En effet, avec l’intégration des TIC en éducation, la formation à distance représente une formule pratique, car elle a su répondre à un changement de mentalité.


II- LES TECHNOLOGIE DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION (TIC) DANS UN CONTEXTE DE FORMATION A DISTANCE

Sur le plan technique et technologique, l’enseignement à distance connaît grâce aux TIC, une véritable révolution pédagogique. Ce qui suscite un radical changement dans les rapports enseignants – enseignés. Si la formation à distance apporte une certaine révolution dans le domaine de l’éducation, les questions de fond au sujet des objectifs éducationnels quant à eux, restent les mêmes. Il s’agit de viser toujours plus de compétence dans la formation. Ainsi, la question sur laquelle nous nous vouerons dans cette partie est celle d’apprentissage : qu’est-ce qu’apprendre et comment apprend-on ?

1. Apprendre à distance

L’apprentissage nécessite des conditions favorables quelle que soit la forme, pour une facilitation du processus qui peut même échapper à l’enseignant. Ainsi dans le cadre de la formation à distance nous aimerions comprendre ce que c’est qu’apprendre et comment apprend-on.

Pour caractériser la façon d'apprendre que représente l'apprentissage autodirigé, il est nécessaire de commencer par s'interroger sur ce que c'est qu'apprendre. Apprendre Selon Reboul, « c’est acquérir une information, ou un savoir-faire, ou une compréhension »[16], et se l’approprier.
L'apprentissage, au sens où il faut l'entendre dans notre contexte, est l'ensemble des activités (exercices, simulations, écoutes répétées, lectures, consultations d'un dictionnaire, usages d’outils de visualisation, accès aux données, etc.), dans lesquelles s'engage quiconque a décidé d'acquérir une compétence dans un domaine bien précis. C'est donc un comportement constitué d'une série plus ou moins longue d'actes variés avec des objectifs à atteindre. Chacun de ces actes se définit par :
- un objectif, qui consiste en l'acquisition de la compétence visée.
- un contenu, qui consiste à utiliser tel support (texte écrit ou enregistré, images, informateur, dictionnaire, etc.), de telle ou telle manière (consignes ou tâches telles que lire, écouter, transcrire, répéter, commenter, interroger...) ;
- des modalités de réalisation : les tâches définies par le contenu de l'acte sont à effectuer à un moment donné, pendant une durée donnée, dans un lieu donné, individuellement ou à plusieurs, etc. ;
- des modalités d'évaluation : tout acte d'apprentissage est nécessairement clos par une appréciation du résultat atteint au regard de l'objectif visé.
Quant au comportement d'apprentissage dans son ensemble, il se décrit en termes de gestion (choix et organisation) des actes qui le composent. Pour que se déroule un apprentissage, il faut, par conséquent, que des actes conformes aux caractéristiques énumérées soient définis et gérés, et que quelqu'un les réalise. S'il est clair que ce quelqu'un ne peut être que l’apprenant, la question se pose de savoir à qui confier la responsabilité de définir et de gérer les actes d'apprentissage.
L’apprentissage selon Piaget consiste pour l’individu en la modification de quelque chose dans ses schémas mentaux quand il a en partie reconstruit ses références cognitives. Piaget distingue deux processus dans le développement de l’intelligence : l’assimilation et l’accommodation. Selon lui :
« Apprendre c'est construire des connaissances au cours de son développement. Cette construction suppose que chaque sujet acquiert des outils conceptuels (mentaux) qui lui permettent de comprendre le monde dans lequel il est et de s'approprier les objets de ce monde. C'est parce que l'homme est actif qu'il acquiert des connaissances »[17].

Dans le cadre de la formation à distance, le contact entre le formateur et l’apprenant n’étant plus physique comme cela l’était dans le système traditionnel, la médiation se fait soit par ordinateur, soit par caméra ; les communications sont asynchrones et le temps est indirect. Cela suppose la maîtrise de l’informatique, de son langage, ainsi qu’une discipline personnelle.
b) Comment apprend-on ?

A la question de savoir qu’est-ce qu’apprendre, peuvent être affilié d’autres questions telles que : Pourquoi apprend-on ? Qu'est-ce qui montre que l'on a appris ? Comment apprend-on ? C’est à cette dernière question que nous essayerons de répondre.
L’apprentissage se fait en permanence, mais il existe des exigences selon les modèles d’apprentissage. L’apprentissage à distance exige du courage pour l’élève. Celui-ci doit être doté d’une grande motivation et de grands objectifs à atteindre. Désir et volonté doivent être ses fidèles compagnons. Il doit adopter un mode de comportement « gestionnel », avec pour caractéristiques :
- « Les attitudes cognitives qui sont la volonté d’apprendre, de gérer son apprentissage, d’être exigeant dans son fonctionnement cognitif, l’attitude positive face aux erreurs ou aux échecs.
- Les conduites cognitives qui se manifestent par le fait de se donner une intention d’apprentissage, de planifier, de réguler, d’évaluer, de réfléchir sur son apprentissage et le mémoriser »[18].

C’est un apprentissage qui se veut autonome. Ainsi, l’apprenant doit être attentif par des observations, des réflexions, des décisions, et des actions. La formation à distance donne assez de temps et de moyens à l’élève pour :
- « Construire son savoir de façon personnelle et progressive, selon un processus intérieur actif. (…), à partir d’une information ou d’une expérience d’apprentissage.
- Traiter l’information reçue en la reliant aux connaissances déjà emmagasinées dans sa mémoire…
- Organiser les connaissances qu’il a emmagasinées dans la mémoire. Car chaque connaissance devra avoir de nombreux liens, ce qui facilite une meilleure récupération et une meilleure réutilisation des données en mémoire. Ceci s’acquiert à partir de modelages, de pratiques guidées, de pratiques coopératives et de pratiques autonomes
- Etre fortement motivé car la motivation détermine le degré d’engagement, de participation et de persistance de l’élève dans ses apprentissages »[19].

La dynamique de l’évolution de l’élève va donc s’inscrire dans une interaction entre des paramètres qui ont la capacité de susciter un comportement durable chez l’apprenant. Et autant que dans le système traditionnel d’éducation, la formation à distance comprend un certain nombre d’acteurs.

2. Les acteurs de la formation à distance

Comme acteurs de la formation, malgré la multitude existante, nous mettrons ici en valeur et de façon sélective le rôle de l’apprenant, du formateur et des outils favorisant la formation.

La responsabilité qui revient à l'apprenant dans le système classique n’est rien d’autre que celle de faire les activités qui lui sont proposées : il n'intervient ni dans la définition, ni dans l'évaluation, ni dans la gestion de l'apprentissage. Dans le cadre de la formation à distance, ce n’est pas la même chose. Ici, les styles d’apprentissage sont des données personnelles qui varient d’un apprenant à l’autre. Les stratégies d’acquisition d’apprentissage sont préférentielles. Chaque apprenant progresse selon son rythme et divers autres paramètres.
Il doit non seulement acquérir un ensemble de savoirs, mais aussi un certain nombre de savoir-faire techniques. Pour cela, il lui faut une méthodologie d’apprentissage lui permettant de définir ses objectifs d’acquisition (ses attentes), de déterminer ses contenus d‘apprentissage (faire un programme d’activités à partir des données disponibles), de déterminer les conditions favorables à l’apprentissage (lieux, durées, fréquences, rythme, etc.), d’apprendre à faire le bilan de ses activités, etc. [20].
Nous remarquons bien dans ce processus une approche constructiviste de l’éducation où l’apprenant est appelé à être actif et partisan à sa propre construction. Il a la possibilité d’évaluer ses progrès et ses connaissances pour se situer par rapport aux autres apprenants, on parle alors d’évaluation interne et d’évaluation externe. Dans ce cas l’éducateur est-il encore nécessaire dans la formation de l’apprenant ?

Traditionnellement, c'est à l’enseignant qu'est confiée la tâche de mettre en place l'apprentissage : c'est à lui de définir ce qui va être acquis, de sélectionner les moyens (supports et tâches) à mettre en oeuvre, de déterminer les modalités d'utilisation de ces moyens, d'évaluer les résultats btenus et de gérer le parcours d'apprentissage
Avec l’introduction des nouvelles technologies et plus encore de la formation à distance, le formateur doit changer de paradigme, et pour mieux accompagner l’apprenant, il lui faut être plus compétent. Ici, il n’a plus à jouer exactement le même rôle que par le passé où il était le promoteur de tout savoir. Son rôle n’est pas de transmettre des informations ou encore de répéter continuellement la même chose. Le formateur est un guide, un facilitateur, un organisateur, un conseiller, celui qui aide et offre des possibilités à l’élève de se construire. Il représente donc toujours une figure importante en éducation.
De plus en plus le terme formateur est même remplacé par le mot tuteur d’où l’expression : tutorat (pour faire allusion à la collaboration, la coopération, l’aide, le soutien, l’assistance, etc.). Etre tuteur nécessite des compétences adéquates pour construire une formation en ligne, la maîtrise des outils dédiés à l’édition sur Internet, il doit aussi tenir compte d’une logique d’apprentissage englobant toutes les avancées technologiques et pédagogiques. « L’éducateur doit apprendre à l’enfant à mieux organiser et structurer les contenus auxquels il accède et surtout, à développer plus rapidement un esprit critique par rapport à ces contenus »[21]. Le bon tuteur travaille en collaboration avec les autres tuteurs. Ainsi, dans ce circuit de collaboration, il reviendra à un membre de coordonner les activités, celui-ci aura alors à assumer dans cette fonction :
« Le souci de rendre plus efficace la formation proposée en la rendant plus homogène. L’accroissement des compétences de l’équipe pédagogique. La nécessité de rendre lisible la formation en concevant un référentiel des formations clair. (…) C’est aussi au fil de la conduite des formations que sa lisibilité apparaîtra pour les apprenants : référence aux objectifs de la formation et perception des acquis obtenus, acquisition progressive de compétences d’apprentissage nouvelles, perception des temps et efforts réels engagés pour les apprentissages, la médiation et la résolution des conflits. La nécessité d’assurer la continuité des interventions et de compléter ou ré-actualiser les travaux réalisés par chaque intervenant dans sa spécialité »[22].

La lisibilité est donc une des conditions de motivation pour l’apprenant. Elle peut être assurée par plusieurs moyens : catalogue, journée d’information, contrat pédagogique définissant les objectifs, etc. Ainsi, entre l’apprenant et le tuteur, se situent les outils et les contenus, comme possibilités de réalisation de la formation, à travers les échanges.

La formation à distance a un dispositif particulier. Un dispositif e-learning, qui est composé d’une communauté d’apprenants, d’une plate-forme d’apprentissage, des tuteurs ou animateurs, des contenus textuels ou multimédia didactiques, d’une stratégie pédagogique et tutorale et des activités de validation de connaissance. En nous référent à la plate-forme, nous constatons que la gestion de la formation diffère d’une plate-forme à une autre. Pour notre contexte
« Une plate-forme pour la formation ouverte et à distance est un logiciel qui assiste la conduite des formations ouverte et à distance. Ce type de logiciel regroupe les outils nécessaires aux trois principaux utilisateurs- formateur, apprenant, administrateur- d’un dispositif qui a pour premières finalités la consultation à distance de contenus pédagogiques, l’individualisation de l’apprentissage et le télétutorat. Autour de ces premières finalités, peuvent s’ajouter d’autres fonctionnalités et d’autres rôles »[23].

La fonctionnalité envisagée est celle relative aux référentiels de formation et à la gestion de compétence, à la gestion administrative, à la gestion des ressources pédagogiques, à la gestion de la qualité de la formation. Il s’agit également des rôles d’administration des matériaux pédagogiques, d’administration de la scolarité ou de la formation.
Ainsi une plate-forme de formation héberge le contenu pédagogique multimédia, contrôle l’accès aux ressources, offre des activités pédagogiques, facilite les activités de tutorat et de pilotage de la formation suivi des cursus apprenants, facilite le pilotage des ressources de l’organisme de formation (gestion des formateurs, des moyens logistiques et techniques), gère la communauté d’apprenants, permet la gestion administrative des documents associé à la formation). Dans le cadre des technologies Web, les plates-formes proposent des activités synchrones, asynchrones, collaboratives ou de Knowledge management (tableau blanc, eportfolio, blog, bureau virtuel, agenda, forum). Il existe environ plus de 200 plates-formes d’apprentissage en ligne dont une trentaine sous licence libre et d’autres sous licence propriétaire. La norme SCORM (Sharable Content Object Reference Model) permet de transposer du contenu d’une plate-forme à une autre plate-forme e-learning. Parmi les plates formes sous licence libre, nous avons Ganesha (une plate-forme d’apprentissage en ligne créée par ANEMA. Elle met l’accent sur des parcours individualisés, organise les activités et les ressources pédagogiques autour de l’apprenant plutôt qu’autour d’un cours) ; Moodle (une plate-forme d’apprentissage en ligne servant à créer des communautés d’apprenants autour des contenus et d’activités pédagogiques) ; Claroline (une plate-forme d’apprentissage en ligne permettant à des cententaines d’institutions à travers le monde de créer et d’administrer des formations et des espaces de collaboration en ligne). Ensuite, il existe des plates-formes sous licences propriétaires telles que Tactic ! LMS (une plate-forme en ligne de gestion et de diffusion de la formation et outil auteur classé dans la catégorie ‘’Rapid Development Tool ‘’. Elle vous permet d’organiser vos dispositifs de formation et de suivre pas à pas le parcours de l’apprenant. C'est-à-dire que l’outil auteur vous permet de créer vos formations rapidement en réutilisant des contenus existants) ; EDUMATIC (pate-forme de création d’exercices et de tests pour des applications en ligne ou hors ligne) ; EPISTEMA (offre une gestion simplifiée mais extrêmement complète de toutes vos activités de formation en ligne. Et pour une solution complète, il est conseillé d’ajouter le serveur d’évaluation EAS). L’évaluation à distance quant à elle a aussi ses particularités[24].

3. Outils et contenus de la formation à distance

Comme tout système formel, la formation à distance exige un certain nombre d’outils et des programmes bien déterminés. En fait, il nous semble judicieux de commencer par définir les nouvelles technologies de l’information qui ont donné accès à la possibilité de la formation à distance.
« Le concept de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) recouvre l’ensemble des nouveaux supports et techniques de communication, de production, de diffusion et de consommation de l’information, basés sur le numérique, c'est-à-dire la représentation, le stockage et le traitement de l’information sous la forme d’une suite de 0 et 1 appelés des bits »[25].
Les outils pédagogiques et les contenus sont définis à partir des objectifs visés, des dispositifs, des approches pédagogiques et des compétences et des moyens de l’enseignant. Pour mener à bien la formation, l’étudiant et le formateur doivent aussi avoir une certaine compétence dans :
- L’usage des nouvelles technologies, la communication et la gestion au niveau des forums de discussion ou newsgroups (crées en en 1979 par des étudiants américains. Ce sont des espaces de discussion entre personnes intéressées par un sujet précis), du chat (service de communication par le texte en temps réel entre des personnes connectées à Internet), des visioconférences, du courrier électronique, etc.
- La maîtrise des outils de création des pages Hyper Text Markup Langage (HTML) statiques ou dynamiques. Il s’agit en fait d’un langage permettant de créer des pages Web, il utilise une structure formée avec des balises (flèches) permettant la mise en forme du texte. Et nécessite un navigateur web pour la visualisation.
- Les outils de mise en ligne comme le protocole de transfert de fichiers, (File Transfer Protocol, abrégé : Ftp). C’est un protocole de communication dédié à l'échange informatique de fichiers sur un réseau TCP/IP qui est une suite de protocoles et signifie : «Transmission Control Protocol/Internet Protocol» et se prononce «T-C-P-I-P»[26]. (Il est représentatif d’un ensemble de règles de communication sur Internet). Le FTP permet, depuis un ordinateur, de copier des fichiers depuis ou vers un autre ordinateur du réseau, d'administrer un site web, ou encore de supprimer ou modifier des fichiers sur cet ordinateur. Des volumes importants de données peuvent être échangés à travers ce système, ainsi que la diffusion de logiciels, des documents académiques, etc.
- Les médias : Internet, ordinateur, télévision interactive, magnétoscope, téléphone et les supports numériques qui peuvent contenir des cours : CD (disque compact), DVD (digital versatile disc) ou disque vidéo numérique, imprimés, fichiers numérisés, cassette audio, cassette vidéo. Ces supports, à la différence des supports classiques (livres, vidéo) permettent la transmission interactive des connaissances. L’apprenant peut gérer le déroulement de la leçon et interagir avec un professeur virtuel.
Quant aux contenus de la formation, ils doivent être textuels, audios et visuels. Ils suivent sans doute un programme bien déterminé selon les orientations de la formation et les objectifs à atteindre.

4. Evaluation à distance

L’évaluation est un aspect important dans toute formation, qui permet de vérifier son niveau d’évolution. L’introduction des TIC en éducation offre de nombreuses possibilités d’évaluation personnalisées et bien adaptées. Dans le cas de la formation de distance, la plate-forme d’e-learning offre des outils permettant le suivi des activités des étudiants afin de pouvoir les évaluer. Certains campus numériques optent pour l’évaluation sommative en mettant l’accent sur la participation et la production. C’est l’exemple du Campus numérique FORSE, mais il faudrait pour un bon suivi que le nombre d’étudiants soit faible. Dans ce cas, l’enseignant doit : « Suivre de façon régulière ce qui se passe sur les espaces de communication et/ou solliciter l’avis de l’animateur de plate-forme qui a accompagné le déroulement ; évaluer de façon approfondie les documents produits ; les mettre en corrélation pour leur donner du sens »[27]. Il y a une complémentarité dans l’équipe d’encadrement qui permet l’harmonisation de la formation. L’évaluation doit contribuer à la formation de l’étudiant qui se rend bien compte de ses performances et peut les améliorer.
L’évaluation sous forme de QCM est généralement traitée de légère, même si elle permet de se rendre compte que les contenus ont bien été vus et mémorisés. Mais, quant à la compréhension, il est plus difficile de vérifier par cette forme d’évaluation. Car les QCM valident simplement que l’apprentissage a eu lieu. Ils paraissent donc insuffisants pour vérifier « la compréhension d’un mécanisme complexe, (à) l’acquisition des capacités d’analyses ou de conception, l’intégration de notions théoriques »[28]. L’évaluation étant aussi une façon d’apprendre, elle doit être formative et faire partie du processus d’apprentissage.
L’évaluation doit être pour l’apprenant une façon de tester ses capacités et de démontrer son autonomie face aux problèmes à résoudre. Il y a donc favorisation de l’ancrage et appropriation de la formation. Les méthodes d’évaluation peuvent aussi se rapprocher des méthodes en vigueur dans différentes universités.

III. LES TYPES DE FORMATION A DISTANCE
Il existe plusieurs types de formation à distance parmi lesquelles le tout à distance, le tout à distance tutoré, la formation mixte distance/présentielle.
1. Le tout à distance et Le tout à distance tutoré

Les modalités dans le tout à distance sont les suivantes : l’apprenant n’a pas de contact avec l’organisme, il s’inscrit et paye à distance, il apprend dans une autonomie totale et à distance. Les sessions de cours sont réduites et les évaluations fréquentes sont sous formes de QCM ou d’exercices autocorrectifs.
Quant au tout à distance tutoré, le tutorat vient compenser les lacunes du modèle précédent. Il existe divers modes de tutorat avec des techniques et pédagogies aussi variées. Mais tous ont en commun le manque de présentiels sans toutefois minimiser le suivi individuel des apprenants. Le tutorat peut s’effectuer de façon synchrone (session individuelle avec visioconférence, classe virtuelle, chats animés) ou asynchrone (par mail, forum animé ou non animé, téléphone). Savoir les mixer est bénéfique pour une formation optimale[29].
2. Le mixte « distance / présentiel » avec autoformation à distance

Une formation dite mixte offre, à des moments bien précis, une formation en présence ainsi qu’à distance. Ce type de formation à distance cherche à montrer que les rencontres physiques entre tuteurs-apprenants ou apprenants- apprenants ne sont pas exclues. Comment cela s’effectue-t-il ?
S’agissant de la présence physique dans une formation à distance, celle-ci s’effectue lors du démarrage de la formation. Ce qui permet aux apprenants de se repérer mutuellement dès la rentrée et ainsi créer des liens entre eux. C’est un facteur qui facilite la constitution des groupes de travail et l’apprentissage collaboratif. Ce dernier n’implique pas nécessairement un apprentissage de groupe mais plutôt crée la confiance dans les autres pour supporter chacun son propre apprentissage dans un environnement non-compétitif.
En outre, ces rencontres, effectuées d’une manière ponctuelles, permettent aux apprenants d’échanger sur le contenu d’un cours ou de discuter de leurs problèmes d’apprentissage. Le tuteur est une personne ressource, qui joue le rôle de facilitateur et d’aide à l’apprentissage. Ces rencontres peuvent prendre les formes d’atelier où les étudiants réalisent certains travaux prescrits dans un cours et peuvent clôturer cette formation.
Par ailleurs, la suite de la formation se fait à distance où chaque apprenant est suivi plus ou moins individuellement. La communication et l’échange entre tuteur et apprenant, et entre apprenant-apprenant se fait par l’utilisation des outils tels que : mail, forum, vidéoconférence…[30]. L’apprenant est accompagné soit en direct, soit en différé. Il se prend ainsi en charge et prend en main sa formation.
3. La pédagogie d’une formation à distance

Sachant que toute situation pédagogique comporte une pédagogie particulière, il sera important, pour nous, de commencer par définir ce qu’est la pédagogie. Selon E. Durkheim « la pédagogie (…) n’est pas autre chose que la réflexion la plus méthodique et la mieux documentée possible, mise au service de la pratique de l’enseignement »[31]. Cette définition permet de comprendre que la pédagogie est un ensemble de théories dont l’objet immédiat est d’orienter le savoir faire de l’éducateur ou son expérience pratique.
Dans le contexte de la formation à distance, l’utilisation des TIC permet de passer du savoir distribué au savoir disponible, d’un modèle pédagogique transmissif à un modèle de type appropriatif. Le modèle pédagogique étant considéré comme « un ensemble d’éléments qui déterminent et orientent l’organisation et l’action pédagogique ».[32] S’inspirant du triangle pédagogique de Houssaye, il ressort deux types de modèles pédagogiques à savoir le modèle transmissif appliquée à la pédagogie traditionnelle et le modèle appropriatif correspondant à la formation à distance. En fait, ce triangle étant une représentation du modèle pédagogique structure les relations entre trois éléments de base du système pédagogique à savoir : l’apprenant, le formateur et l’objet.
Pour le cas de la formation à distance, certes les acteurs sont les mêmes, mais les TIC modifient le contenu de cette relation. Dans ce modèle, l’apprenant accède directement à l’objet de la formation. Il s’agit là d’un principe de base de l’autoformation. Ensuite, l’objet de la formation est rendu accessible par le travail préalable du formateur. L’apprenant est ainsi directement en contact avec le savoir sans passer par le formateur. Ce qui donne le sens du travail de médiatisation des contenus de la formation. Et enfin, c’est dans un tel modèle que le formateur peut orienter son attention et son travail sur l’apprenant. On peut parler ici d’une formation centrée sur l’apprenant. Le terme de médiation trouve alors sa signification car il s’agit d’un accompagnement personnel que le formateur va effectuer auprès de l’apprenant.
Ce qui permet de comprendre que c’est à partir d’un modèle pédagogique que le formateur choisit certaines technologies qui faciliteront son enseignement. Ainsi les différents moyens de communication à distance disponible avec Internet ouvrent largement les possibilités d’organiser la relation pédagogique. Ces moyens pourraient se repartir en deux catégories :
- Les moyens de communications synchrone qui permettent la communication en temps réel, comme dans une conversation naturelle (téléphone, chat, visioconférence, ect. ces moyens offrent la possibilité d’établir une relation assez proche de la conversation naturelle entre des personnes présentes dans un même lieu.
- Les moyens de communication asynchrone sont considérés comme les successeurs du courrier postal, mais ils sont plus rapides, maniables et moins couteux. A ce niveau la communication connaît un certain intervalle de temps entre la réception du message provenant d’un interlocuteur et la réponse envoyée par un autre interlocuteur. Il s’agit ici du courriel, du forum de discussion, du blog via internet. Ces techniques offrent de très bonnes possibilités de communiquer dans le contexte de l’autoformation à distance. Grâce à ces outils, la communication et la collaboration deviennent donc possibles. Cette interactivité favorisée par les TIC donne à l’apprenant les moyens d’être actif dans son apprentissage. Ainsi, la formation à distance s’inscrit dans un contexte de pédagogie active car l’apprenant est certes encadré, mais il est plus autonome, en collaboration avec les autres et son environnement[33]. Cette présentation sur la pédagogie nous permet de nous référer à James King et à Graham et les autres qui, en 2000 avaient donné sept principes de base d’une pédagogie efficace appliqués aux Formations ouvertes et à distance :
- Une pédagogie efficace est celle qui encourage les contacts entre apprenants et le formateur. Celui-ci peut déterminer des lignes temporelles pour répondre aux messages des étudiants.
- Une pédagogie efficace est celle qui encourage la coopération entre les apprenants. Il s’agit surtout des discussions en ligne qui, pour être efficace : la participation est notée, la discussion en petit groupe portant sur une tâche qui nécessairement doit produire un résultat…
- Une pédagogie efficace encourage un apprentissage actif. A ce niveau, les apprenants soumettent des projets qui sont critiqués par leurs pairs permettant ainsi l’amélioration de leurs projets
- Une pédagogie efficace encourage les feedbacks rapides en donnant une rétroaction sur les renseignements transmis par l’apprenant
- Une pédagogie efficace souligne l’effort à consacrer à la tâche. Ce qui demande de fixer les dates limites des tâches et les travaux
- Une pédagogie efficace met l’accent sur des attentes élevées en donnant des tâches exigeantes en félicitant le travail de bonne qualité
- Une pédagogie efficace respecte la diversité des talents et des façons d’apprendre. Ce qui demande aux formateurs de laisser les apprenants choisir le sujet de leur projet à réaliser[34].


IV- AVANTAGES ET DESAVANTAGES DE LA FORMATION A DISTANCE
La formation à distance tout en résolvant plusieurs attentes dans le domaine de l’éducation à la satisfaction de bons nombres de personnes, montre aussi des limites sociales, géographiques, économiques, etc. C’est que nous avons nommés avantages et désavantages.
1. Avantages
Cette étude sur la formation à distance avec le concourt de TIC, nous permet de constater les différents avantages qu’ils apportent en éducation. Ici, la volonté et la capacité de l’apprenant sont éprouvées, car s’il veut réussir, il lui faut assez de détermination. C’est -à -dire développer l’habileté d’apprendre à apprendre.
- La formation à distance avec le concourt des TIC permet la vulgarisation de l’information à un grand public. Le savoir est ainsi diversifié. Ce qui suscite un grand désir de s’informer, de s’auto former, de se documenter dans tous les domaines possibles par le biais d’Internet sans pour autant se déplacer ni fournir de gros efforts.
En outre, la formation à distance offre une formation moins stressante parce que l’apprenant travaille à son rythme et est à même de s’adonner à plusieurs activités sans que l’une n’empiète sur l’autre. Ainsi dit, une telle formation responsabilise, forme à l’autonomie, à la confiance en soi, à l’auto-évaluation, à l’esprit critique. En restant chez soi, l’apprenant s’ouvre au monde étant donné que celui-ci est devenu un petit village. C’est pour dire que la formation à distance abolit l’espace et le temps parce qu’on peut apprendre et collaborer avec les autres à distance. Et la clarté des outils pédagogiques est un avantage.
L’informatique étant captivante, suscite l’intérêt et le désir de maîtriser ces outils de travail que nous offre notre époque. L’analphabète aujourd’hui est celui qui ne sait pas manipuler l’ordinateur et n’a aucune notion d’Internet. L’utilisateur de ces outils a aussi de fortes chances d’être créatif. D’où la présence de « cyber café », de centres d’informatiques qui sont des lieux de formation, d’autoformation et d’échange. Dans cette même perspective, le professeur Pierre Fonkoua pense que « la formation à distance bien menée peut offrir aux étudiants la capacité de s’assumer soi-même, en cultivant le sens de la responsabilité partagée, l’ouverture aux autres, aux choses et aux idées. Elle peut développer la créativité et l’autonomie dans la pratique de la coopération et l’exercice de la co-responsabilité qu’impose la dynamique de la recherche dans le processus « enseignement-apprentissage à distance »[35].
Les forums offrent la possibilité de communication entre différentes personnes, la liberté d'échange ; l'on peut recevoir une réponse rapidement. Et avoir différents avis sur à peu près tout ce que l'on souhaite. C’est aussi généralement le lieu de rencontrer des personnes qui s'intéressent au même thème que l’on traite, puisque c'est souvent par "secteurs" ou "matières" que cela fonctionne.
Le formateur est obligé à retravailler et formaliser ses cours de façons différentes pour les adapter à cette nouvelle pédagogie. Une exploration qui peut lui apporter beaucoup de satisfaction. Et comme l’enseignement ne produit pas l'acquisition, on peut très bien apprendre avec un «mauvais» enseignant et vice versa.
2. Désavantages

La formation à distance est accueillie par un grand public, mais elle connaît aussi le revers de la médaille :
Si Reboul définit l’enseignant comme celui qui éduquant en enseignant, comment alors une telle affirmation peut-elle être possible dans une formation à distance où l’apprenant n’est pas en contact physique avec son formateur, mais l’est plutôt avec la machine ? A voir son fonctionnement, nous comprenons que celle-ci accorde beaucoup d’importances au savoir-faire parce que c’est la compétence, les intérêts qui sont recherchés. Ainsi le savoir être le savoir vivre semblent être mis de côté. Ce qui signifie qu’ici, l’instruction prime sur l’éducation.
Il convient également de se demander si la formation à distance pourrait être possible en Afrique. Tous, nous sommes témoins du fait que l’outil informatique et Internet sont connus et maîtriser dans les grandes villes pendant que les villages ignorent ces notions. Il y a là un problème d’inégalité car, nous ne sommes pas tous outillés de la même façon. Dès lors, on a l’impression qu’il y a plutôt renforcement des inégalités, au lieu de l’égalité de chance.
Par ailleurs, l’Internet pourrait également être la cause de la présence de certains actes immoraux rencontrés dans nos sociétés car tout le monde a accès à tout type de savoir. Dans le domaine pornographique, par exemple, les enfants découvrent tout à l’Internet et à la télévision et veulent expérimenter tout ce qu’ils voient. Cet outil ne conduit –il pas à la perversion de certains apprenants ?
Le fait d’avoir tout à distance pourrait favoriser le repli sur soi et rendre l’individu proche de celui qui est loin, et loin de celui qui est proche. Il y a risque de disparition du contact humain dans l’enseignement. Or l’enseignement doit s’accompagner de l’éducation. Comment remédier à cette situation qui nous coupe des autres sans parfois le vouloir ? L’auteur Fonkoua pense que « la formation ne peut-être celle d’un homme isolé, elle doit permettre à apprendre « à vivre ensemble », à « travailler avec autrui » au sein d’un groupe et au sein d’une équipe »[36].
La formation à distance pose aussi le problème de l’évaluation des contenues d’enseignements et des compétences à la fois des enseignants et des apprenants. On ne sait plus vraiment qui est l’enseignant et qui est l’apprenant, puisque tous ont droit aux mêmes sources. Un autre danger est celui de l’effort personnel au profit des contenus des sites de recherches. Cette formation pose en même temps le problème des techniques et des stratégies d’enseignements. L’enseigné va perdre une bonne partie verbale de l’enseignement qui ne peut être remplacée par l’électronique.
Le formateur n’a pas assez de possibilités pour percevoir les résistances de l’étudiant, son envie d’apprendre, il agit de manière généraliste dans son contenu et non individualisé. Donc une des faiblesses de cette formation est celle de l’éloignement de l’apprenant, ce qui crée un sentiment de solitude. Or nous savons que, même si l’on apprend seul, il y a aussi toute une dynamique de groupe qui contribue à l’apprentissage individuel.



CONCLUSION
Au terme de notre travail portant sur la question de la formation à distance, nous nous rendons compte que si la question de l’éducation reste une réalité fondamentale pour toute société et à toute époque, les moyens et les méthodes pour l’accomplir ne sont pas les mêmes à chaque époque. Aussi, les nombreuses possibilités que nous offre notre époque, surtout avec les nouvelles technologies en éducation, sont d’un avantage inestimable. Au point que la formation à distance dont il y a quelques décennies était inconcevable est devenue une réalité.
En fait, la médiatisation du processus enseignement – apprentissage ouvre l’accès à l’éducation à un grand nombre de personnes et à des coûts réduits, sans toutefois être ennuyant. L’autonomie dont jouit l’apprenant lui donne la possibilité de réaliser son cursus de formation à son rythme et selon ses méthodes propres. Mais les médias éducatifs offrant des possibilités presque illimitées, les champs de l’acquisition et de la transmission exige simplement de l’apprenant, la prise de conscience de l’existence de ces multiples occasions de formation et une certaine responsabilité. Celui-ci a les possibilités d’accès aux mêmes sources que le formateur, mais, il doit savoir apprendre par lui-même, s’il veut vraiment réussir, c’est-à-dire savoir se définir un programme d’apprentissage, le gérer et l’évaluer, puisque la démarche de la formation à distance est basée sur son autonomie.
Nous constatons aussi que malgré les avantages qu’offre la formation à distance, il y a encore beaucoup à faire pour favoriser plus de participation. Il s’agit d’abord de faire connaître l’existence de cette possibilité qui actuellement est un privilège pour les villes, nous faisons allusion à l’Afrique et au Cameroun en particulier. Puis, faire connaître les modalités d’accès. Dans ce sens, nous pensons avec le professeur Fonkoua, qu’il faut « engager une réflexion de fond sur les principes et les modalités pratiques du déroulement de la formation à distance en Afrique »[37], puisque le fameux triangle pédagogique de Houssaye et même celui de Marguerite Altet ayant dépassé son prédécesseur, ne peuvent plus tenir tels qu’ils sont. Il n’est plus possible de conduire le processus enseignement - apprentissage comme par le passé, hors des temps et de l’espace réel.



BIBLIOGRAPHIE

BERTHIER D., Le savoir et l’ordinateur, Paris, L’harmattan, 2002.
DURKHEIM E., l’éducation morale, Paris, PUF, 1963.
FONKOUA P., Quels futurs pour l’éducation en Afrique ?, Paris, L’Harmattan, 2006.
OSSAMA F. ? Les nouvelles technologies de l’information. Enjeux pour l’Afrique subsaharienne, Paris, l’Harmattan, 2001.
REBOUL O., Qu’est-ce qu’apprendre ?, Paris, PUF, 1980.

Dictionnaire

Dictionnaire universel, Paris, Hachette, 3°édition, 1988.

Sites Internet
- BAPTISTE J.L., Éléments de réflexion. Apprendre à distance : Utopie ou réalité ?, publié le 14 novembre 2005, www.injep.fr/Elements-dereflexion-Apprendre-a.html, 2 mars 2010.
- GABRIEL (1998) cité par E. de Vries, « les logiciels d’apprentissage : panoplie ou éventail ? » in Revue Française de Pédagogie, 2001, p.2 ; http://www.upmf-grenoble.fr/sciedu/edevries/deVries_RFP.pdf, 18-03-2010.
- HOLEC H., autonomie de l’apprenant : de l’enseignement a l’apprentissage, http://epc.univ-nancy2.fr/EPCT_F/pdf/Autonomie.pdf, 4 mars 2010.
- QUINTIN et DEPOVER, Méthodologie de mise en ligne de la formation in « Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire », 2005, Numero 2, Educnet, http://www.educnet.education.fr/superieur/glossaire, 18 mars 2010
- KARSENTI Th., (2009), Comment favoriser les étudiants d’Afrique dans les formations ouvertes et à distance : principes pédagogiques. TDR, Numéro 0b, octobre 2006. Récupéré du site de la revue :http://www.revue-tice.infodocument.php ?id=696. ISSN 1817-2466, 10 mars 2010.
- SAID BERROUK, Les TIC dans un contexte de formation à distance : une stratégie de redynamisation de formation en présentiel, in « Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire » n° 2, 2005, 18 mars 2010.
- « Modèles pédagogiques et choix technologiques », inspiré de Jean Houssaye,
http://www.ymca-cepiere.org/guide/docs/choix_techno.htm, 8 mars 2010.
- TCP/IP, http://www.commentcamarche.net/contents/internet/tcpip.php3, 8 mars 2010
- www.uquebec.ca/capres/Preoccupations-08-09/60_ans_fad.pdf, 18 mars 2010



TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION………………………………………………………………………………….….1
I. DE LA FORMATION PRESENTIELLE A LA FORMATION A DISTANCE : DEFINITIONS ET HISTORIQUE 2
1. Les nouvelles technologies. 2
L’ordinateur 2
Internet 3
2. La formation présentielle.. 4
3. De la formation présentielle à la formation à distance.. 5
II- LES TECHNOLOGIE DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION DANS UN CONTEXTE DE FORMATION A DISTANCE. 7
1. Apprendre à distance.. 7
a) Qu'est-ce qu’apprendre ?. 7
b) Comment apprend-on ?. 9
Les acteurs de la formation à distance.. 10
a) L’apprenant 10
b-) Le formateur 10
c) La plate-forme.. 12
d) Outils et contenus de la formation à distance.. 13
e) Evaluation à distance.. 15
III. LES TYPES DE FORMATION A DISTANCE. 16
Le tout à distance et Le tout à distance tutoré.. 16
2. Le mixte « distance / présentiel » avec autoformation à distance.. 16
3. La pédagogie d’une formation à distance.. 17
IV- AVANTAGES ET DESAVANTAGES DE LA FORMATION A DISTANCE. 20
1. Avantages. 20
2. Desavantages. 21
CONCLUSION………………………………………………………………………………………23
BIBLIOGRAPHIE. 24
TABLE DES MATIERES. 26


[1] P. Fonkoua, Quels futurs pour l’éducation en Afrique ?, Paris, L’Harmattan, 2006, p. 148.
[2] Idem.
[3] F. Ossama, Les nouvelles technologies de l’information. Enjeux pour l’Afrique subsaharienne, Paris, l’Harmattan, 2001, p.130.
[4] Gabriel (1998) cité par E. de Vries, « les logiciels d’apprentissage : panoplie ou éventail ? » in Revue Française de Pédagogie, 2001, p.2 ; http://www.upmf-grenoble.fr/sciedu/edevries/deVries_RFP.pdf, 18-03-2010.
[5] Baron et Bruillard, cité par E. de Vries, Op. cit., p. 3.
[6] Quintin et Depover, Méthodologie de mise en ligne de la formation in « Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire », 2005, Numero 2, p. 8.
[7] F. Ossama, op.cit., p. 186.
[8] Idem., p. 7.
[9] Cf. Dictionnaire universel, Hachette, 3°édition, 1988, p.496.
[10] Educnet, http://www.educnet.education.fr/superieur/glossaire, 18 mars 2010

[11] Soixante ans de formation à distance au Québec- 60 ans FD, www.uquebec.ca/capres/Preoccupations-08-09/60_ans_fad.pdf, 18 mars 2010.
[12] Cf. Said Berrouk, Les TIC dans un contexte de formation à distance : une stratégie de redynamisation de formation en présentiel, in « Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire » n° 2, 2005, p. 9.
[13] Ibid., p. 10.
[14] Idem.
[15] P. Fonkoua, Quels futurs pour l’éducation en Afrique ?, Paris, L’Harmattan, 2006, pp. 146-147.
[16] O. Reboul, Qu’est-ce qu’apprendre ?, Paris, PUF, 1980, p. 16.
[17] J. Piaget, Apprentissage, www.chevaleyre.com/.../Apprentissage/apprent3.htm - 8 mars 2010.
[18] P. Fonkoua, Quels futurs pour l’éducation en Afrique ?, Paris, l’Harmattan, 2006, p.153.
[19] Idem.
[20] Cf. Henri Holec, autonomie de l’apprenant : de l’enseignement a l’apprentissage, http://epc.univ-nancy2.fr/EPCT_F/pdf/Autonomie.pdf, 4 mars 2010.
[21] F. Ossama, Les nouvelles technologies de l’information. Enjeux pour l’Afrique subsaharienne, Paris, l’Harmattan, 2001, p. 55.
[22]J.L. Baptiste, Éléments de réflexion. Apprendre à distance : Utopie ou réalité ?, publié le 14 novembre 2005, www.injep.fr/Elements-dereflexion-Apprendre-a.html, 02 mars 2010.
[23] http://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_de_Gestion_de_1%27Apprentissage, 9 mai 2010.
[24] Idem.
[25] F. Ossama, op.cit.,p. 119.
[26] TCP/IP, http://www.commentcamarche.net/contents/internet/tcpip.php3, 8mars 2010.
[27] J. Wallet, Campus numérique FORSE : analyses et témoignages, http://books.google.com/books?hl=fr&lr=&id=N9G9WCXyVKAC&oi=fnd&pg=PA113&dq=comment+evaluer+%C3%A0+distance&ots=7gBzyUG_9C&sig=KNrIJLqSurerPpB5AoTCF7Q3eiQ#v=onepage&q&f=false, 10 mai 2010.
[28] J.L. Baptiste, Éléments de réflexion. Apprendre à distance : Utopie ou réalité ?, publié le 14 novembre 2005, op.cit.
[29] Cf. Idem.
[30] Ibid.
[31] E. Durkheim, l’éducation morale, Paris, PUF, 1963, p. 2.
[32] « Modèles pédagogiques et choix technologiques », inspiré de Jean Houssaye, http://www.ymca-cepiere.org/guide/docs/choix_techno.htm, 8 mars 2010.
[33] Ibid.
[34] Karsenti Thierry (2009), Comment favoriser les étudiants d’Afrique dans les formations ouvertes et à distance : principes pédagogiques. TDR, Numéro 0b, octobre 2006. Récupéré du site de la revue :http://www.revue-tice.infodocument.php ?id=696. ISSN 1817-2466, 10 mars 2010.
[35] P. Fonkoua, Quels futurs pour l’éducation en Afrique ? Paris, l’Harmattan, 2006, p. 154.
[36] Ibid., p. 155.
[37] P. Fonkoua, op.cit., p. 146.

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