dimanche 30 mai 2010

EXPOSE 3 : L’EVALUATION EN EDUCATION ET LES TIC

Par : Yvette Sam, Père Augustin, NGOME Joseph Epie
Introduction.
Les missions traditionnelles de l’école restent fondamentalement au cœur du système de l’éducation: transmettre la culture et les valeurs communes, forger une conception humaniste de la société, permettre à chacun de trouver sa place et se sentir partie prenante du monde dans lequel il vit. La pérennité de ces conceptions ne saurait masquer cependant les profondes et rapides mutations du contexte économique, social, politique dans lequel, d’une manière ou d’une autre, elle doit préparer le futur adulte qu’elle forme. L’explosion des connaissances, l’évolution des moyens d’action sur le proche environnement de l’être humain, le développement grandissant des technologies de l’information et de la communication, entrainent de fait une modification des activités humaines. Dans un monde en perpétuelle mutation, il convient donc de s’adapter graduellement aux changements technologiques, de s’approprier les savoirs nécessaires pour résoudre les nouveaux problèmes qui se présenteront dans la vie professionnelle, citoyenne et privée, tout en faisant preuve de maîtrise sur ces évolutions et de compréhensions critiques du monde qui se construit.
Ici peut surgir une interrogation radicale et critique sur les acquis des élèves : que savent réellement les élèves ? Il convient donc d’accorder une place importante à l’évaluation, afin de mesurer, comparer, comprendre. Et à partir de là, identifier les mesures les plus efficaces pour améliorer la qualité de l’éducation. Cette problématique ancienne, mais renouvelée par l’émergence des technologies récentes de l’information et de la communication nous amène à nous poser autrement la question : à quelle condition, moyennant quelles évolutions les technologies de l’information de la communication(TIC) peuvent-elles devenir des outils efficaces de l’évaluation des acquis des élèves ?
L’essentiel de notre travail sera axé en trois volets, nous allons dans un premier temps parler de la pratique de l’évaluation en éducation. La deuxième partie sera consacrée à l’apport des TIC dans la pratique de l’évaluation en éducation, ce qui nous amènera à dégager quelques perspectives dans le troisième volet, et une petite conclusion mettra un terme à notre exercice intellectuelle.
I. La pratique de l’évaluation en éducation.
I.1. Définition du concept évaluation
Etymologiquement, le mot évaluation signifie «déterminer la valeur de quelque chose ». « une opération qui consiste à estimer, à apprécier, à porter un jugement de valeur ou accorder une importance à une personne, à un processus, à un événement, à une institution ou à tout objet à partir d’informations qualitatives et des critères précis en vue d’une prise de décision. Evaluer c’est comprendre, éclairer l’action de façon à pouvoir décider avec justesse de la suite des éléments»[1]. « C’est une méthode qui permet d’évaluer un résultat qui ne peut pas être mesuré »[2].
Elle est une « démarche ou processus conduisant au jugement et à la prise de décision. Jugement qualitatif sur la valeur d’une personne, d’un objet, d’un processus, d’une situation ou d’une organisation, en comparant les caractéristiques observables à des normes établies, à partir des critères explicites, en vue de fournir des données utiles à la prise de décision dans la poursuite d’un but ou un objectif »[3]
L’évaluation pédagogique quant à elle peut être définie comme un « processus systématique visant à déterminer dans quelle mesure des objets éducatifs sont atteint par les élèves ».[4] Elle fait partie intégrante du processus d’apprentissage et du développement des compétences. « Sa fonction est de soutenir l’apprentissage et de fournir des informations sur l’état de développement d’une ou de plusieurs compétences »[5].
L’évaluation pédagogique met en jeu plusieurs acteurs notamment :
-Les évaluateurs : Enseignants, inspecteurs, parents, apprenants, correcteurs, etc.
-Les sujets de l’évaluation : Individu, groupe, système, organisation, etc.
Les objets de l’évaluation peuvent être aussi multiples : des savoirs, des savoir-faire, des attitudes, des habiletés, des connaissances, des compétences, des ressources, des processus(fonctionnements cognitif, affectif, méthodique, etc.),des biens ou des services, des dispositifs mis en place.
Les objectifs de l’évaluation sont divers : Réguler, réajuster, améliorer, informer, guider, aider, remédier, valoriser, motiver, renforcer, stimuler, encourager, certifier, orienter, sélectionner, etc.
Les moment de l’évaluation : on peut évaluer avant, pendant ou à la fin de la formation.
Les outils de l’évaluation sont aussi nombreux : Le test, le contrôles écrits, les grilles d’observation, l’investigation interactive, le portfolios, etc.

I.2. Types d’évaluations :
1°/ Evaluation pronostique .
L’ objectif de cette évaluation est d’estimer les chances de réussite d’un apprenant, « à une formation avenir lorsqu’elle se situe en début de formation, ou à une formation ultérieure lorsqu’elle est en fin de formation »[6]. Elle fonde les décisions de sélection ou d’orientation en fonction de l’aptitude présumée à cette nouvelle formation.
2°/ Evaluation diagnostique.
Cette évaluation a pour but de permettre aux enseignants d’analyser des situations, des besoins, les profiles et pré-requis d’apprenants, d’apprécier leurs compétences, et leurs difficultés éventuelles au début ou au cours d’un apprentissage ou d’une formation : « Soit afin de leur fournir des repères pédagogiques pour organiser la suite des apprentissages, soit afin d’estimer si l’apprenant possède les capacités nécessaires pour entreprendre une formation ou pour suivre un apprentissage »[7]. Cette évaluation consiste moins à juger des acquis que des aptitudes.
3°/ Evaluation informative.
Cette évaluation intervient en principe, « au terme de chaque tâche d’apprentissage et ayant pour objet d’informer du degré de maîtrise atteint et/ou découvrir où et en quoi les élèves éprouvent des difficultés d’apprentissage non sanctionnées comme erreurs ; en vue de proposer ou faire découvrir des stratégies susceptibles de permettre une progression(rémédiation) »[8].
L’enseignement, l’apprentissage et l’évaluation ne sont pas envisagés en séquence, comme des moments distincts de la démarche pédagogique, mais plutôt dans leurs interaction dynamique au sein de cette démarche. L’évaluation est considérée comme faisant partie intégrante du processus d’apprentissage. « Sa fonction principale n’est pas de sanctionner la réussite ou l’échec, mais de soutenir la démarche d’apprentissage des élèves et d’orienter ou de réorienter les interventions pédagogiques de l’enseignant ; elle permet la prise de décision pour ce qui concerne la conduite du professeur et la démarche de l’élève »[9]. L’évaluation formative s’inscrit donc dans une approche constructiviste de l’apprentissage et qui ont vocation à donner un feedback, à l’apprenant et à l’enseignant, sur le déroulement de l’apprentissage et le processus d’apprentissage, en fournissant des informations pertinentes pour la régulation des conditions de l’apprentissage et d’adaptation, l’ajustement des activités pédagogiques aux caractéristiques des élèves.
4°/ Evaluation formative.
G. Nunziati définit l’évaluation formative comme une évaluation qui «vise à rendre l’apprenant gestionnaire de la régulation de l’apprentissage en lui permettant de construire un modèle personnel d’action »[10]. L’évaluation formative reprend le concept d’évaluation informative. Elle s’en distingue par le fait que « c’est l’élève lui-même qui doit assurer la régulation du circuit d’apprentissage, la gestion de ses erreurs et de ses réussites »[11]. Cette évaluation propose comme point de départ les instruments privilégiés de la construction des apprentissages qui sont : l’appropriation par les élèves des critères d’évaluation des enseignants ; la pratique de l’autocontrôle, l’autogestion des erreurs ; la maîtrise des processus d’anticipation et de planification de l’action.
5°/ Auto-évaluation.
Dans le cadre des théories socio-constructivistes, l’apprenant est acteur principal de l’évaluation de son apprentissage. Il doit aussi devenir acteur principal de l’évaluation de son apprentissage. L’évaluation prend de ce fait une dimension formatrice. « L’apprenant doit évaluer sa participation, son processus et ses produits pour savoir où il en est »[12]. Le dispositif d’évaluation doit aider l’apprenant à se construire une référence pour réguler son action :
« Se représenter la tâche à réaliser mais aussi les moyens d’y parvenir en termes d’objectifs identifier les compétences visées, les stratégies à mettre en place »[13].
6°/ Evaluation par les pairs ou co-évaluation.
C’est évaluation des travaux d’autres apprenants par les apprenants eux-mêmes. L’auto-évaluation et l’évaluation par les pairs participent à développer des compétences de niveau élevé comme la capacité à porter des jugements critiques sur soi et sur ce qui nous environne.
7°/ Evaluation sommative-Evaluation certificative.
Cette évaluation intervient au terme d’un ensemble de tâche d’apprentissage constituant un tout, à la fin d’un enseignement, à la fin d’un cycle. « Elle permet aux enseignants de dresser un bilan des apprentissages ou de prendre une décision d’orientation ou de sélection en fonction des acquis »[14]. L’évaluation sommative attribue une note chiffrée à une performance jugée représentative de l’apprentissage terminé, et ceci aux fins de situer les performances de l’élève par rapport à une norme. « L’évaluation certificative est une évaluation sommative qui vise la délivrance d’un diplôme, d’un certificat des capacités et compétences de l’apprenant »[15].

8°/ Evaluation critériée.
Cette évaluation fait référence à une liste de savoirs répertoriés. « Elle est directement liée à la définition des objectifs de performance, dont le libellé comporte la liste des critères de réussite. On y compare performance finale au standard préétabli et à ses indices-critères pour émettre en suite un jugement dichotomique de réussite ou d’échec[16]. Une évaluation est dite cratérisée quand elle réfère la performance d’un apprenant à des critères. Son but est ainsi de décrire ce dont un élève est capable, sans égard à la performance des autres.
9°/ Evaluation normative.
Une évaluation est dite normative quand elle réfère la performance d’un apprenant aux performances des autres apprenants. « Elle situe donc l’élève non plus par rapport aux objectifs à atteindre, mais par rapport aux résultats des autres élèves, ce qui autorise une procédure de classement ou la sélection »[17].
10°/ Docimologie .
C’est une science qui étudie « les modes d’évaluation de connaissances(examens, concours, etc.). La docimologie s’intéresse notamment à l’élaboration d’instruments de mesure, aux facteurs déterminant la notation ainsi qu’au comportement des examinateurs et des personnes évaluées. Elle vise à améliorer l’objectivité des notations. »[18]. Ce terme tend à être remplacé aujourd’hui par celui d’ « édumétrie ».
2. L’apport des TIC dans le processus d’évaluation en éducation.

Le TIC favorise un enseignement individualisé et adapté aux besoins et au rythme de chacun des élèves. Elles sont un excellent outil d’évaluation des acquis des élèves et un moyen qui permet d’actualiser leur potentiel d’apprentissage et de création. Donc, les TIC sont efficaces à différents niveaux tant au plan de la motivation, de la revalorisation, qu’au plan cognitif en développant des habiletés mentales par des évaluations. C’est pour cela qu’il sera question ici de savoir comment l’enseignant peut utiliser les TIC dans l’évaluation en éducation. Dans cette partie de notre travail, nous essaierons de mettre en perspective la relation TIC et évaluation, ensuite l’évaluation pour apprentissage, évaluation de l’apprentissage et communications des progrès des élèves.
2.1.1. La Relation TIC et Evaluation
Il s’agit d’ici de prendre en compte dans l’évaluation des élèves les inégalités sociales et scolaires qui passent par la prise en compte des différences individuelles. En même temps, les évaluations en éducation mettent en avant des différences des compétences et de niveaux chez les élèves que l’institution scolaire demande à prendre en charge en classe. Grâce à des programmes personnalisés et adaptés. Dans cette perspective, les TIC semblent apporter des outils et des services variés répondant à un certain nombre de contraintes, de différenciations des enseignements. Sur ce plan, il s’agit de réviser une notion apprise en classe, de faire des exercices d’entrainement à ce sujet. Les TIC aident aussi l’éducateur pour l’enseignement en déterminant directement avec l’élève sur quoi portent ses besoins.[19]
L’enseignant peut aussi jouer pleinement son rôle de médiateur et adopter une posture réflexive vis-à-vis des difficultés d’apprentissage des élèves. Ce dispositif soulève des questions méthodologiques sur comment découvrir la connaissance. Par des exercices comme une forme d’évaluation, et pour l’accompagnement du travail des élèves en classe et après la classe ou dans un environnement d’apprentissage personnel. Cet environnement est utilisé comme medium pour gérer le processus d’évaluation individuelle des élèves et de Co-évaluation entre paire. Le portfolio apparaît aussi comme un outil très intéressant qui reflète le travail de l’élève à long terme.
2.1.2. Le E- portfolio comme outil d’évaluation dans un contexte d’utilisation des TIC
Il y a différents outils qui aident à l’individualisation et l’évaluation du travail personnel. Il s’agit des ressources, des blogs, des portfolios, etc. Une place importante est accordée à l’e-portfolio pour l’évaluation formative des élèves. Comme le précise Vincent Liquette, le portfolio peut être un vecteur du travail autonome chez l’élève et peut favoriser l’individualisation de son travail. Il souligne que, depuis les années 90, la technique du portfolio est devenue « un support d’évaluation et d’appréciation des démarches autonomes d’écritures et de production des élèves ».[20] Donc, à tous les niveaux, du primaire, du lycée, « les portfolios favorisent l’apprentissage autonome en se démarquant des démarches d’évaluation ordinaire et en s’inscrivant dans des approches pédagogiques par compétences »[21]. Le portfolio de l’élève peut contenir un journal et des notes personnels, des évaluations, des brouillons et des copies finales, et bien d’autres travaux. Il montre à ce dernier l’importance de l’auto-évaluation, de la correction et de la révision. Il favorise le processus d’apprentissage et la communication entre élèves.[22]
2.2. Evaluation pour apprentissage, évaluation de l’apprentissage, et communication des élèves.
Une évaluation formative éclaire l’enseignement en donnant de l’information sur l’apprentissage de l’élève. Elle se déroule dans des contextes authentiques où les élèves peuvent faire la preuve de leur apprentissage à mesure qu’ils progressent, qu’ils réalisent des performances ou qu’ils créent des documents. L’objectif ultime de cet exercice est d’aider les élèves à devenir des apprenants autonomes qui suivent et évaluent régulièrement leurs propres progrès.
2.2.1. Le continuum de littératie avec les TIC et évaluation.
Le continuum de développement de la littétatie sert à la fois d’outil de planification et d’outil d’évaluation au service de l’apprentissage. L’évaluation de la littétatie des élèves avec les TIC comporte deux éléments : les observations et les conversations.
Parlons des observations, tout au long de l’année scolaire, dans le contexte des programmes d’études du processus d’exploration recherche à concentrer leur enseignement sur une ou plusieurs grandes lignes du continuum. En observant l’apprentissage des élèves, ils se concentrent sur les grandes cibles pour déterminer quels descripteurs décrivent le plus fidèlement l’apprentissage d’un élève donné. Puis, ils font participer les élèves à l’évaluation, en collaborant avec eux à la création d’un profil par l’utilisation d’une version simplifiée du continuum. Ce profil aide les enseignants et les élèves à se fixer des objectifs pour apprentissage ultérieur. C’est une évaluation au service de l’apprentissage.
En ce qui concerne les conversations, l’évaluation formative du niveau de littératie des élèves avec les TIC consiste en une série de conversations sur les raisons d’être de l’apprentissage, les critères, la rétroaction descriptive et l’établissement d’objectifs. Ces conversations peuvent mener à une réflexion (évaluer en tant qu’apprentissage), être partagées avec des pairs, être partagées entre l’enseignant et l’élève ou bien se dérouler lors de rencontres parents - enseignants animées par les élèves. Ce dernier type de conversation fait partie intégrante de la communication, aux parents, du niveau de littératie avec les TIC, de leurs enfants (évaluation de l’apprentissage.)
Les élèves peuvent se servir d’une version simplifiée du continuum pour des fins d’autoévaluation (évaluation en tant qu’apprentissage). En choisissant des preuves de leur apprentissage, ils décident eux-mêmes quels comportements ils maitrisent déjà et quels sont ceux qu’ils doivent encore perfectionner. Lorsque les parents prennent connaissance des preuves d’apprentissage de leur enfant, si cela les intéresse, ils peuvent également consulter la version simplifiée du continuum pour confirmer et célébrer avec les TIC, les capacités de leurs enfants et pour établir en collaboration, des objectifs visant à élargir l’apprentissage de ces enfants.
La littératie avec les TIC forment des situations d’apprentissage conçue pour aider les élèves et les enseignants à utiliser le continuum comme outil de planification de l’enseignement, de l’apprentissage et de l’évaluation. Pour communiquer les résultats d’évaluations en éducation avec les TIC, il importe d’informer les élèves et surtout leurs parents au sujet des compétences des enfants dans trois domaines qui sont : l’utilisation de la pensée critique pour planifier et rassembler l’information avec les TIC, l’utilisation de la pensée créative pour produire et communiquer l’information avec les TIC et l’utilisation d’un sens de responsabilité avec les TIC.[23]

III. UNE CRITIQUE
Une intégration des technologies de l’information et des communications (TIC) dans les pratiques enseignantes requiert surtout, au-delà des compétences techniques de manipulations des outils, une maîtrise des situations de classe et une forte structuration de leur préparation. Elle facilite une individualisation des apprentissages et modifie la situation frontale d’enseignement. L’impact des TIC sur les élèves serait peut-être davantage à apprécier en termes d’amélioration des comportements qu’en termes de nouvelles connaissances. Les TIC on pour but de faire progresser l’efficacité de l’école, d’améliorer l’enseignement et l’apprentissage par une meilleure prise en charge des élèves. Les résultats sur l’efficacité pédagogique des TIC sont souvent nuances, voir parfois contradictoires. Car à la difficulté de cette mesure, vient se greffer la multiplicité des contextes et des situations pédagogiques. On ne peut donc établir des liens directs entre l’utilisation des TIC et la performance des élèves…ou du moins pas encore. Mais peut-être faut-il encore attendre un peu pour pouvoir mesurer efficacement leur impact car l’omniprésence des TIC nous fait un peu trop souvent oublier que ces technologies sont encore nouvelles.
De nos jours l'évaluation doit tenir compte de nouvelles perspectives où l’accent est mis sur le développement des compétences, sur les situations authentiques, complexes et signifiantes, sur la formation à distance et l’autonomie des apprenants, de même que sur l’individualisation du cheminement. Les moyens mis en œuvre pour évaluer les apprentissages évoluent et se transforment donc pour tenir compte des préoccupations actuelles des systèmes d’éducation/formation. À cet égard, les avancées dans le domaine des TIC et dans celui des modèles de mesure permettent maintenant des applications réalistes et pertinentes pour une évaluation des apprentissages adaptées à ces préoccupations. La production des informations en temps réel, plutôt qu’en temps différé comme avec la technologie papier-crayon, le diagnostic immédiat et une plus grande authenticité des tâches sont maintenant des réalités dans plusieurs domaines.[24]
3.1. Les Effets de l’usage des TIC
Lorsqu’on regarde sur le plan pratique enseignant, on trouve que sa amène a un travail en commun plus intense entre les enseignants et entre les établissements. Il y a aussi une évolution du rôle de l’enseignant. A l’école, comme au collège et au lycée, l’organisation en binôme ou en groupe devant l’ordinateur plutôt qu’en classe entière devant des documents écrits, semble induire d’importants changements d’ordre didactique et pédagogique. C’est ainsi que dans les séquences observées, l’enseignant se présente souvent comme une personne ressource qui ne détient pas toute la vérité et développe, chez ses élèves, le besoin d’aller rechercher de l’information ailleurs qu’en passant par sa propre médiation. Le professeur se fait tuteur parce qu’il intervient auprès des élèves qui travaillent seuls ou en petits groupes et peut susciter des activités diversifiées selon les besoins particuliers de chaque élève.
3.2. Un enseignement moins frontal et un apprentissage plus individualise
On trouve que les TIC permettent de changer les positions respectives des enseignants et des élèves dans le processus d’évaluation. Avant l’utilisation des TIC, maître et tableau étaient situés face aux élèves. Avec les TIC, les élèves sont devant leur poste de travail et le maître passe derrière eux, la distanciation par rapport a l’enseignant et au savoir, induite par le travail sur écran, tend a faire baisser les tensions inhérentes a une situation de transmission, sans pour autant remettre en cause la relation enseignant-élève. L’usage des TIC pourrait donc, de fait, modifier la situation frontale d’enseignement.
3.3. Des pratiques évaluatives inchangées
Si l’usage des TIC parait induire de nouvelles situations pédagogiques, il ne semble pas que les enseignants utilisateurs des TIC modifient leur manière d’évaluer. Au niveau des écoles de l’étude, et notamment de l’une d’entre elles qui évoque plus spécialement les problèmes de l’évaluation, les pratiques innovantes dans l’usage des TIC n’ont en rein fait évoluer les objectifs traditionnels des évaluations concernant les connaissances et les savoir-faire : l’évaluation des connaissances s’effectue, comme auparavant, au moyen de bilans écrits ou de dossiers constitués par les élèves, de manière individuelle ou en groupe, sur plusieurs séances. Globalement, les formes d’évaluations formative et surtout sommative perdurent. La volonté de prendre spécifiquement en compte des compétences liées à l’usage des TIC est évoquée par les enseignants, mais elle n’est pas mise en œuvre.
L’usage des TIC incite les élèves à une plus grande liberté dans l’organisation de leur travail personnel, puisqu’ils peuvent communiquer, rechercher l’information a leur rythme. Ils ont plus souvent l’occasion d’exprimer leur avis et même de la voir pris en compte, ce qui semble être particulièrement apprécié des élèves du primaire.
En l’utilisation des TIC dans l’évaluation, on peut constater que les avis des enseignants sont partagés quant à l’amélioration des performances des élèves en difficulté, qui s’investiraient davantage grâce aux TIC. Pour certains, les TIC favorisent un apprentissage plus actif de la part de ces élèves grâce a un travail d’imprégnant. L’utilisation de l’ordinateur, par exemple, stimulerait leur intérêt et ils s’impliqueraient plus volontiers dans leur travail scolaire. Plus les élèves sont en difficulté, plus l’informatique au sens large, apporte sécurité, valorisation, émulation, sentiment d’appartenance à l’époque.
Par contre, un professeur non utilisateur estime que la nécessité de faire des efforts pour acquérir des compétences techniques nécessaires peut constituer un ajout de difficulté pour les élèves scolairement fragiles.
3.4. Satisfaction
Il peut y avoir danger que la rapidité d’exécution qui pourrait donner l’illusion aux élèves de s’affranchir des efforts nécessaires a tout apprentissage. Les enseignants sont donc sensibles à l’enrichissement personnel et professionnel qu’apporte l’utilisation d’outils inconnus au paravent et ne regrette pas l’énorme investissement personnel que l’intégration des TIC dans leurs pratiques d’évaluation a pu leur couter. Les TIC offrent de nombreuses possibilités aux enseignants en matière d’évaluation formative. Ces outils portent la marque de la flexibilité, de l’individualisation et de la communication interactive. Elles permettent aux enseignants de repérer plus facilement et plus rapidement les besoins de chaque élève et de s’adapter en conséquence.[25]
3.5. Dangers
Les problèmes de maintenances, ceux liés au fonctionnement des machines et du réseau (installation et configuration des nouveaux matériels, liaisons entre les bâtiments, capacité des câbles existants) est souvent évoqué comme étant l’un des principaux obstacles a l’intégration des TIC dans les processus d’évaluation en éducation. Il y a aussi problèmes de discontinuité de l’utilisation des TIC en évaluation d’une classe à un autre.

3.6. Bénéfice
Il n’y a pas contacte directe entre le travail de l’élève et le professeur. Car, il peut y avoir des professeurs qui sont d’une façon ou d’un autre influencer par un élève. L’utilisation des TIC en évaluation vont favorisée une évaluation juste et sans contrainte des élèves.
Les technologies ne doivent plus être vues comme un substitut de l’enseignant évaluateur, et qu’on les conçoive maintenant plutôt comme un ensemble d’outils et l’instrument pouvant être mis au service de l’évaluation en éducation.
L’usage des TIC offre également une place privilégiée aux parents. Mieux informes sur le niveau d’acquisition de connaissances de leurs enfants, les parents peuvent disposer d’un suivi plus régulier. Cela leur permet de cibler les manques de leurs enfants dans le processus d’apprentissage et de les accompagner en renfort.[26]
Conclusion
Il est vrai que la technologie a automatisé de nombreuses tâches; cependant, celle-ci a surtout obligé les apprenants en milieu scolaire et les enseignants à regarder le monde sous un angle nouveau, en plus de leur fournir de nouvelles occasions de parfaire leurs connaissances et de travailler de façon créative. L'utilisation réfléchie et fructueuse des TIC dans la classe revêt une importance capitale. Les TIC ne manqueront pas de renforcer les habiletés pédagogiques et techniques des enseignants, à condition qu'on leur assure un accès adéquat aux technologies en question et au perfectionnement professionnel grâce auquel ils pourront les utiliser dans leur enseignement et dans leur procès d’évaluation.
Il est difficile de prédire quel va être le devenir des TIC et la place qu’elles vont prendre dans le domaine de l’enseignement. Aujourd’hui, les TIC sont devenues des outils de plus en plus collaboratifs et de plus en plus adaptes. Adaptes a l’élève bien sur, mais aussi adaptes a l’enseignant.
Les technologies de l’information et de communication peuvent-elles constituer des nouveaux outils d’évaluation des acquis des élèves ? Leur nouveauté, nous l’avons dans une certaine mesure démontrée, même si elle semble être relative. Dans nombreux pays aujourd’hui, les attentes des systèmes d’éducation de formation, sont déjà déclinées en termes des TIC, tant dans les programmes que dans les processus d’évaluation. Toutes ces initiatives et expérimentations peuvent paraître comme un point d’appui de la formation du futur citoyen. Néanmoins, reconnaissons que dans nos pays africains, faute peut-être de moyens, et de mauvaises politiques éducatives, les pratiques d’évaluation restent diverses, peu cohérent et peu éclairantes. Les démarches les plus innovantes côtoient parfois les pratiques les plus traditionnelles pour rendre compte des acquis et des performances des élèves, le tout s’accompagnant d’une opacité, tant en ce qui concerne les méthodes d’évaluation, les finalités poursuivies, que dans la façon dont est construit le profil de l’élève.
La nécessité de faire évoluer cette situation s’impose donc, mais cette évolution ne doit pas rester trop partielle et localisée. On ne peut penser à l’intégration des TIC dans le processus d’évaluation en éducation, sans repenser l’ensemble du système, des programmes aux formes et démarches d’enseignement, aux outils et aux procédures d’évaluation, une formation approfondie des enseignants pour leur permettre d’adapter leurs pratiques d’enseignement et de l’évaluation.
[1] R. LENGENDRE, Dictionnaire actuel de l’éducation, Guérin/eska, 1993.
[2] Htt://wiki.univ-paris5.fr
[3] Idem.
[4] D.E.R.P., Dictionnaire de l’évaluation et de la recherche pédagogique.
[5] Ibid.
[6] Ibid.
[7] Ibid.
[8] RIEUNIER, Pédagogie, dictionnaire des concepts clés, 1978.
[9] Ibid.
[10] G.NUNZIATI, cité par http://wiki.univ-paris5.fr
[11] G. SCALLON, cite par http://wki.univ-paris5.fr
[12] Ibid.
[13] Ibid.
[14] Ibid.
[15] Ibid.
[16] M. MINDER, cité dans http://wiki.univ-paris5.fr
[17] Idem.
[18] Cfr. Grand dictionnaire terminologique.
[19] Cf. Les usages des TIC dans l’enseignement, http://www.inrp.fr/Tech/Rech, Novembre,2008.
[20] Vincent Liquette, le travail autonome, Glasser et Brown, 2007, http.//wikindx.inrp.fr./bibilo,12Mars 2010.
[21] Helen Barret, de l’université d’Alaska, dans sa conférence sur les e-portfolio intitulée the portfolio, a revolutionary for education and training.
[22] http://www.pedagonet.com/other/authentique.htm,12Mars2010.
[23] http://www.edu.gov.mb.ca.2010. (a compléter)
[24] Cf. Systèmes, technologies et modèles de mesure pour l'évaluation en éducation (2006 - 2010),

[25] Cf. Apport des TIC au domaine de l’évaluation dans un contexte d’approche par compétences, polymtl.eduportfolio.org/portfolios/download/614689/doc/1
[26] Cf. Ibid.

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